1 Français sur 15 a déjà tenté de se suicider
Avec 9 000 suicides en 2015, la France est l'un des pays d'Europe avec un taux de suicide le plus élevé, selon une étude de Santé publique France. Quelles sont les personnes "à risque" ? Que peut-on mettre en place pour faire baisser ce chiffre ? Décryptage.
"Avec plus d'un million de décès chaque année, le suicide est la 14e cause de mortalité dans le monde", estime Santé publique France dans son bulletin hebdomadaire (BEH n°3-4) publié ce mardi 5 février 2019, à l'occasion de la 23e journée nationale pour la prévention du suicide. Toutefois, le nombre de suicides en France est en baisse. En effet, il y aurait eu 9 000 suicides en 2015 dans l'Hexagone, contre 10 000 en 2008. Ces suicides s'effectuent le plus souvent par pendaison. L'agence sanitaire dénombre également moins de tentatives de suicide : 90 000 hospitalisations suite à une tentative de suicide ont été comptabilisées en 2017 - pour la plupart, à cause d'une absorption de médicaments - contre 100 000 en 2008. Mais bien que ces chiffres soient en baisse, ils restent toutefois inquiétants, d'autant plus que les tentatives de suicide sont souvent associées à des troubles psychiatriques comme la dépression, des troubles liés à l'alcool, à l'anxiété ou d'autres pathologies mentales et du comportement.
Quelles sont les personnes les plus vulnérables ?
"En 2017, 7.2 % des Français âgés entre 18 et 75 ans - soit presque un Français sur 15 - ont avoué avoir déjà tenté de mettre fin à leurs jours au cours de leur vie", s'alarment les auteurs de l'étude. La plupart d'entre eux travaillent dans le secteur de l'hébergement, de la restauration, des arts et spectacles ou de l'enseignement. Par ailleurs, pensées suicidaires et tentatives de suicide concernent davantage les femmes que les hommes (4.5 % contre 3.1 %) : en effet, "le taux d'hospitalisation pour tentative de suicide est plus élevé chez les femmes que chez les hommes, quelque soit l'âge". A noter que les jeunes filles entre 15 et 19 ans présentent "systématiquement le taux de séjour le plus élevé", constatent les auteurs de l'étude.
Parmi les profils "à risque", 31 % des femmes et 26 % des hommes ayant subi des attouchements ou victimes de rapports sexuels forcés ont déjà tenté de se suicider. De plus, un homme sur 4 et une femme sur 5 parmi les personnes ayant connu "un épisode dépressif caractérisé au cours de l'année" avouent avoir eu des pensées suicidaires lors de cette période. Les auteurs de l'étude ont par ailleurs constaté que le fait d'avoir de gros problèmes financiers, d'avoir subi des menaces verbales, des humiliations, des intimidations ou un divorce au cours des douze derniers mois "multipliait par deux environ le risque d'idéations suicidaires".
La France, l'un des pays où l'on se suicide le plus
"Même si son taux est en diminution ces dernières années, la France présente, parmi les pays européens, un des taux de suicide les plus élevés, derrière les pays de l'Est, la Finlande et la Belgique [...], il est donc important de prévenir leur survenue", préconisent les auteurs de l'étude. Pour mieux comprendre, prévenir et prendre en charge ce phénomène, les auteurs du BEH proposent notamment de :
- développer des actions de promotion et de prévention en santé mentale sur les lieux de travail, en priorité dans les secteurs d'activité les plus impactés par les pensées suicidaires et les tentatives de suicide ;
- assurer un meilleur suivi des personnes ayant déjà fait une tentative de suicide ;
- repérer précocement les troubles psychiatriques et la souffrance psychique chez les personnes "à risque" ;
- mieux caractériser les populations les plus exposées et approfondir l'étude des facteurs qui y sont associés.