Diagnostic, prise en charge, école… Que prévoit le 4e Plan Autisme ?
340 millions d'euros. C'est le budget alloué au 4e Plan Autisme, l'une des priorités du quinquennat d'Emmanuel Macron. Ses objectifs ? Favoriser les dépistages précoces, la recherche, l'inclusion scolaire des jeunes avec autisme, l'accès aux soins ou encore la formation des professionnels.
Après six mois de concertation, la "stratégie nationale" du "4e Plan Autisme" a été dévoilée jeudi 5 avril par le président de la République Emmanuel Macron à l'issue d'une visite du CHU de Rouen et reprécisée vendredi 6 avril par le Premier ministre Edouard Philippe. Il s'agit d'un ensemble de mesures articulées autour de cinq axes : la recherche, le dépistage et la prise en charge précoces, la scolarisation des jeunes autistes, l'accompagnement des adultes handicapés et le soutien aux familles. Question budget, le gouvernement prévoit une enveloppe de 344 millions d'euros sur cinq ans pour faire de l'autisme, une véritable priorité du quinquennat. D'autant que la politique de l'autisme reste très "insuffisante" et "la connaissance du sujet encore trop lacunaire en France", selon un rapport de la Cour des Comptes présenté le 24 janvier 2018. Le rapport précise d'ailleurs que si "le diagnostic des adultes autistes demeure très insuffisant", la prise en charge des enfants avec autisme n'est pas plus au niveau et ce, malgré la mise en place de trois "Plans Autisme" successifs en France depuis 2005 ainsi que les nouvelles recommandations de la Haute Autorité de Santé. Alors, comment rattraper le retard de la France ? Concrètement, que prévoit le gouvernement ? On fait le point.
Dépister l'autisme de manière plus précoce. 106 millions d'euros seront consacrés à l'amélioration du diagnostic de l'autisme. Un groupe de travail a donc été désigné par le ministère de la Santé et le Secrétariat d'État chargé des personnes handicapées, pour réfléchir à une meilleure manière de repérer précocement les enfants autistes. Pour cela, une formation spécifique à l'autisme est indispensable : ce groupe de travail a ainsi proposé la mise en place de plate-formes d'intervention et de coordination à destination des professionnels de la petite enfance (médecins généralistes, pédiatres, professionnels de la protection maternelle et infantile...) et de l'école dans les instituts médico-éducatifs (IME) et dans l'Éducation nationale. Ces derniers travailleront en lien avec des professionnels libéraux, des ergothérapeutes ou encore des psychomotriciens afin de leur permettre de détecter le plus tôt possible les premiers signes de ce trouble neurodéveloppemental.
À quoi les personnes autistes ont-elles droit? pic.twitter.com/ssTWT5Ovf5
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 5avril 2018
Améliorer l'inclusion scolaire. 103 millions d'euros seront alloués à la scolarisation des enfants avec autisme en milieu ordinaire et ce, dès l'entrée en maternelle. Le 4e Plan Autisme prévoit en effet de mieux former les enseignants déjà en poste et promet d'embaucher une centaine d'enseignants supplémentaires formés à l'accompagnement et à la prise en charge des jeunes autistes. Le gouvernement espère ainsi que "tout enfant autiste né en 2018 puisse entrer à la maternelle en 2021, soit dans une unité spécialisée, soit à l'école avec des auxiliaires de vie scolaire", précise Emmanuel Macron. "Cette stratégie d'inclusion consiste à mettre de plus en plus d'enfants dans des écoles normales et de [libérer des places] dans les IME pour les pathologies lourdes", poursuit-il.
Développer la recherche et les innovations. Le plan prévoit également de booster la recherche sur l'autisme. Pour cela, il a constitué un groupe de travail en charge de (re)préciser les signes et les diagnostics précoces de ce trouble (variété des tableaux cliniques, classification des pathologies…), les prédispositions génétiques, les pistes thérapeutiques et faire l'état des lieux "des infrastructures, des cohortes, des centres experts pour organiser au mieux la recherche" et permettre de définir "les nouveaux besoins pour l'enseignement supérieur". En effet, "il faut remettre la science au cœur, et balayer les fake news en tout genre. En matière de prise en charge, c'est la science qui doit prévaloir", soutient la secrétaire d'État aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, invitée ce matin sur France Inter.
"Les autistes doivent avoir la vie la plus normale possible"
Accompagner les adultes handicapés. 115 millions d'euros seront dédiés au diagnostic, à la prise en charge et à l'accompagnement des adultes avec autisme, les grands oubliés du 3e Plan Autisme et qui, pourtant, sont actuellement estimés à 600 000 en France. "Dans la nouvelle stratégie, nous voulons pouvoir diagnostiquer les adultes qui ont des prises en charge qui ne sont pas adaptées, qui sont dans les hôpitaux psychiatriques où ils n'ont rien à faire ou alors dans des établissement médico-sociaux sans une bonne prise en charge parce que non diagnostiqués", déplore Sophie Cluzel, ce matin sur Europe 1. Plusieurs engagements ont été annoncés : des agences régionales de santé seront sollicitées pour repérer les adultes souffrant d'autisme, 10 000 logements accompagnés avec des colocations sociales et une meilleure insertion professionnelle seront prévus. L'objectif ? Que "les autistes [aient] la vie la plus normale possible", vise le chef de l'État.
Soutenir et aider les familles. Parce qu'il faut davantage "reconnaître leur expertise et les associer dans la gouvernance" et surtout "les soutenir", une "plate-forme de répit" sera créée dans chaque département de France, promet le plan. Et afin qu'elles ne soient désormais plus livrées à elles-mêmes, les familles devront être parfaitement intégrées aux soins et aux intervention de leur proche atteint d'autisme : elles devront être mieux guidées, et surtout informées sur les dispositifs de prise en charge et sur les traitements les plus adaptés.
Si ces différentes mesures et le conséquent budget alloué à leur mise en place (à noter que le 3e Plan Autisme était, lui, doté de 205 millions d'euros) sont prometteuses et semblent représenter une véritable avancée dans le traitement de l'autisme en France, ce n'est qu'à la fin du quinquennat que l'on pourra constater si oui ou non les promesses de ce 4e Plan Autisme ont été tenues.