Glyphosate : l'herbicide controversé reste autorisé pour 5 ans
La Commission européenne a voté pour l'autorisation pour 5 ans du glyphosate, malgré les incertitudes quant à ses effets sur la santé. Les ONG sont scandalisées.

Après plus de deux ans de débats, les Etats membres ont accepté lundi 27 novembre de réautoriser pour 5 ans le glyphosate. La licence de cet herbicide controversé devant expirer le 15 décembre, ce vote était très attendu.
Le célèbre désherbant pesticide, qui entre notamment dans la composition du Roundup – produit phare de la firme américaine Monsanto – est suspecté d'avoir des effets sur la santé, même si les opinions divergent. En 2015, le Centre international de recherche sur le Cancer de l'OMS (CIRC), avait classé le glyphosate en "cancérigène probable". La même année, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) estimait au contraire qu'il était "sans danger". Et puis, pour semer un peu plus le trouble dans ce dossier compliqué, une nouvelle étude de l'Agricultural Health Study (AHS), publiée sur le site du National Cancer Institute américain, à moins d'une semaine du vote à Bruxelles, avait conclu qu''aucun lien n'est apparu entre cette substance et toute tumeur solide ou lymphome."
Lors du vote, 18 pays ont soutenu la proposition de la Commission, permettant tout juste d'atteindre la majorité qualifiée. La France, qui a déclaré à plusieurs reprises, qu'elle voterait contre le renouvellement de cette autorisation pour 5 ans, a réitéré son opposition et sa volonté de voter en faveur d'une sortie progressive du glyphosate en 3 ou 4 ans. "La France regrette ce résultat", écrit Matignon dans un communiqué. "Notre détermination, avec d'autres Etats membres, a permis de diminuer sensiblement la durée initialement proposée (de 10 à 5 ans)", souligne toutefois le cabinet du Premier ministre.
La décision a immédiatement provoqué la colère des ONG. Générations Futures, foodwatch et la Ligue contre le cancer, qui se sont battues farouchement contre une réautorisation, n'ont pas caché leur déception. Pour ces trois organisations, chaque jour d'autorisation du glyphosate est "un jour de trop pour la santé des citoyens et des agriculteurs". "En accordant un sursis supplémentaire à Monsanto, Bayer et compagnie, la Commission européenne balaie le principe de précaution et la santé du revers de la main, de même que la voix des millions de citoyens qui ne veulent plus de l'herbicide le plus controversé de la planète", commentent-ils encore dans un communiqué de presse.
Le principal syndicat d'agriculteurs européen, le Copa-Cogeca, aurait espéré à l'inverse une autorisation du glyphosate encore plus longue. "Même si c'est une bonne nouvelle que la décision ait été prise, mettant fin à l'incertitude pour les agriculteurs et leurs coopératives, nous sommes préoccupés par le fait que l'UE se soit accordée pour une réautorisation pour cinq ans et non 15", a expliqué le syndicat dans un communiqué. Rappelons que le glyphosate est prisé par les agriculteurs pour son efficacité et son faible coût. L'enjeu est ici économique : interdire le glyphosate serait catastrophique pour les entreprises qui le commercialisent.