La santé s'invite dans le débat politique des présidentielles
Selon un Baromètre réalisé par Odoxa, la santé pourrait influencer le vote de 77% des sondés. Les déserts médicaux et la Sécurité sociale sont des thèmes prioritaires
La santé tient une place importante dans la campagne présidentielle 2017. Au point que pour 77 % des Français, le programme santé devrait influencer leur vote. C'est en tout cas ce que pointe le dernier baromètre réalisé par Odoxa pour France Inter et Le Figaro sur un échantillon représentatif de la population adulte, des médecins et des directeurs d'hôpitaux.
La France est le pays où le taux de satisfaction des patients est le plus élevé en Europe (86 % de satisfaction), souligne le baromètre. Mais malgré tout, nombreux sont les problèmes rencontrés par les Français, en particulier, la difficulté à obtenir un rendez-vous avec un spécialiste (difficile pour 58 % des Français). Autre problème : le fait de devoir payer des dépenses de santé non couvertes par la Sécurité sociale ou une assurance santé (40 % des Français).
Le casse-tête des déserts médicaux. Les Français sont conscients de l'urgence à apporter des réponses à la pénurie de médecins, qui touche les zones rurales, mais de plus en plus, les grandes agglomérations. Ainsi, 86 % des Français estiment que les règles de répartition des médecins sur le territoire ne prennent pas assez en compte les besoins des patients. Mais du côté des solutions, il n'y a pas de consensus. Alors que le gouvernement a déjà commencé à mettre en place des mesures incitatives, c'est aussi ce que préconisent les Français et les médecins : pour près de la moitié d'entre eux, il faut accorder des avantages aux médecins qui s'installent dans les zones désertées (aide à l'installation, primes…). Ainsi, 7 médecins sur 10 refuseraient, a priori par principe, de s'installer en zones rurales ou en banlieues. Mais un médecin sur deux pourrait finalement se laisser convaincre de s'y installer "si les mesures proposées étaient suffisamment incitatives". Les médecins approuvent aussi les regroupements de professionnels de santé (maisons de santé). A l'inverse, les directeurs d'hôpitaux préconisent des mesures coercitives. Ces derniers privilégient en effet la limitation de l'installation dans les zones où il y a déjà assez de médecins (56 %).
L'Assurance maladie, le sujet classique. Autre grande question : comment réduire le déficit de l'Assurance maladie ? Selon le baromètre Odoxa, les Français sont conscients de la nécessité de réformer le système d'assurance maladie, mais ils ne sont pas prêts à faire un effort financier. Ainsi 83 % sont favorables aux soins ambulatoires pour réduire les dépenses d'hospitalisation. En revanche, la mesure phare et polémique qu'avait évoqué (puis abandonné) François Fillon de ne prendre en charge que les pathologies les plus graves est retoquée par 9 Français sur 10. Globalement, toutes les mesures impliquant un effort ou un coût supplémentaire suscitent un large rejet.
Prévenir pour réduire les coûts. Fin février, à l'initiative de la Mutualité Française, cinq candidats à l'élection présidentielle ont détaillé leurs propositions en matière de santé. François Fillon a répété qu'il n'était pas question de toucher à la sécurité sociale ni de la privatiser. Et promis dès 2017 une prise en charge à 100% des lunettes pour les enfants, et d'ici 2022 un remboursement de tous les frais d'optique, dentaires et de prothèses auditives. Une proposition retrouvée aussi chez Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. Tous les candidats misent sur la prévention pour réduire les coûts sur le long terme. Les maisons de santé pluridisciplinaires sont également plébiscitées par l'ensemble des candidats pour lutter contre les déserts médicaux. Benoît Hamon va plus loin : il propose de moins bien rembourser les consultations chez les médecins qui s'installent en zone sur-dotée, comme c'est déjà le cas pour les kinésithérapeutes et les pharmaciens.