Bientôt un congé maternité correctement indemnisé pour les médecins ?
Le montant proposé pourra limiter la pénalisation financière que subissent actuellement les femmes médecins pendant leur congé maternité.
En décembre dernier, le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) a été adopté définitivement. Il prévoit une mesure très attendue par les médecins, à savoir la possibilité de bénéficier d'un congé maternité ou paternité avec une indemnité proche de ce qu'ils gagnent habituellement, soit jusqu'à 3 000 euros par mois pour toute la durée du congé maternité (16 semaines). Un montant qui limitera la pénalisation financière que subissent les femmes médecins pendant leur congé maternité.
Car pour l'heure, faire un bébé n'est pas sans conséquences pour les femmes médecins, qui exercent en libéral. Certes, elles ont droit à un congé maternité depuis les années 90. Mais, comme l'explique le docteur Sophie Augros, présidente de ReAGJIR, le syndicat qui rassemble les jeunes médecins généralistes, l'indemnité est seulement de 3 200 euros pour la totalité du congé. "Ce montant ne correspond pas à la perte de revenu et permet juste de couvrir les charges du cabinet. Si bien que cela contraint souvent les femmes à retarder d'un à deux mois leur congé et de reprendre leur travail un à deux mois en avance."
Cette révision du congé maternité, attendue depuis longtemps par les médecins, permettrait aux femmes de vivre leur grossesse plus sereinement, sans se soucier des difficultés financières qui en découlent. "Pour les femmes médecins qui exercent en libéral, il est compliqué d'avoir un projet de grossesse, car il faut que les revenus suivent... La réalité, c'est qu'elles attendent souvent d'avoir un bébé pour s'installer. En attendant, elles préfèrent être salariées en hôpital ou dans une maison de santé. ou remplaçante afin de ne pas payer de charges."
"Je ne savais pas combien j'allais toucher." Elizabeth, est médecin généraliste remplaçante dans la région de Lille, et maman de quatre enfants. Alors la problématique de l'indemnité perçue pendant le congé maternité, elle connait. "Pour ma première grossesse, tout s'est bien passé parce que j'étais interne donc, je bénéficiais d'un statut de salarié, raconte-t-elle. Mais pour les suivantes, même si elle estime s'en être bien sortie, elle a quand même été confrontée à diverses difficultés. "Pour mon deuxième enfant, je terminais juste mon stage d'internat et je me suis retrouvée dans l'incertitude la plus complète parce que je ne savais pas si j'étais sous le statut des salariés ou de celui des médecins. J'étais mal informée. Certains collègues me disaient qu'en tant que médecin libéral je n'allais rien toucher du tout… C'était un moment plutôt angoissant. Quant à ma 3e grossesse, j'étais cette fois-ci médecin remplaçante, mais là encore, je ne savais pas combien j'allais toucher, ni de quels droits je pouvais bénéficier. Et pour trouver les bons interlocuteurs, c'était loin d'être évident. car on est très mal accompagnée." Pour sa dernière grossesse, Elizabeth, a pu anticiper et cela s'est bien passé. Même si, une fois déduites les cotisations pour les charges, il ne lui reste "que" 500 euros par mois. "Heureusement que j'ai un mari qui m'aide !"
Encourager les femmes à s'installer. Clairement, ce nouveau congé maternité valorisé pourrait selon Sophie Augros être un moteur pour toutes ces jeunes femmes tout juste diplômées, qui hésitent à s'installer en cabinet. D'autant plus, poursuit-elle, que les femmes font des enfants de plus en plus tard, jusqu'à 42 ans. "Cette situation est clairement un frein à l'installation en libéral". Et elle est d'autant plus paradoxale que l'on manque de médecins et que la profession se féminise. En médecine générale, plus de 10 % des effectifs sont des femmes de moins de 40 ans en activité régulière contre 6 % d'hommes. "Les généralistes, installés comme remplaçants, quel que soit le mode d'exercice, sont de plus en plus souvent des femmes. Il faut leur proposer de bonnes conditions d'exercice pour qu'elles puissent travailler sereinement et que les plus jeunes aient envie de s'investir dans ce métier", poursuit Sophie Augros.
Les prochaines négociations visant à mettre en place ce nouveau congé maternité auront lieu le 1er mars prochain en présence de l'Assurance maladie et des syndicats de médecins. Mais pour l'heure, la situation est bloquée en raison d'une différence de traitement selon le secteur d'activité, le texte initial s'appliquant uniquement aux femmes exerçant en secteur 1. "Espérons que les partenaires conventionnels se mettront rapidement d'accord pour que cette mesure soit effective au plus tôt et qu'elle n'oublie pas les remplaçants. De nombreuses femmes attendent des réponses et de savoir si, oui ou non, elles pourront bénéficier de ce congé maternité en 2017."
Signez la pétition "Un vrai congé maternité pour toutes les femmes médecins" sur change.org.