Deux associations de lutte contre le diabète lancent une campagne pour dénoncer les discriminations à l'égard des patients diabétiques.
Parce que le diabète est une maladie chronique et pas un handicap, deux associations lancent une campagne de lutte contre les règlementations discriminantes d'accès au travail pour les personnes diabétiques. Intitulée
"Je fais un vœu : choisir le métier de mes rêves avec mon diabète", elle incite les Français à signer une pétition en ligne sur
www.jefaisunvoeu.fr. L'occasion d'apporter son soutien à tous ces diabétiques qui ne demandent qu'à exercer le métier de leur rêve.
Le saviez-vous ? Avoir un
diabète peut être un frein pour devenir ingénieur des Mines, policier, pilote ou encore contrôleur de la sécurité sociale. Pourquoi ? Simplement, parce que nombre d'employeurs méconnaissent le diabète, qui touche pourtant 4 millions de personnes en France. Qui plus est, la législation est totalement inadaptée et déconnectée des progrès thérapeutiques et des conditions actuelles de travail, pointent dans un
communiqué de presse la Fédération Française des Diabétiques et l'Aide aux Jeunes Diabétiques (AJD). Les textes réglementant l'accès à certaines professions datent de plusieurs décennies.
"Ils ne prennent en compte ni les progrès qui ont été faits dans la prise en charge du diabète, ni l'évolution de certaines profession et l'amélioration des conditions de travail", déplore ainsi Daniel Vandevoir, médecin du travail à Caen. Ainsi, l'Ecole des Mines est interdite aux personnes diabétiques parce qu'autrefois les ingénieurs descendaient dans les mines et devaient donc avoir une très bonne vision pour travailler dans un environnement aussi sombre. Evidemment, ce n'est plus le cas depuis bien longtemps, mais le texte n'a pas évolué… Par ailleurs, si nombre de diabétiques travaillent normalement, reste que certaines personnes sont victimes de pressions ou licenciements abusifs et pour les plus jeunes, de
discriminations à la formation, assure Maître Sylvie Papasian, avocate pour la Fédération. C'est le cas de Mathilde, une jeune femme de 21 ans, diabétique depuis l'âge de 15 ans. Son rêve ? Intégrer, comme son père, la prestigieuse école Polytechnique. Mais celui-ci s'effondre quand elle est recalée sans discussion à cause de son diabète lors de la visite médicale, et alors qu'elle y avait été admise après deux années de prépa.
4 millions de personnes sont diabétiques en France. Parmi elles, 90% sont
diabétiques de type 2, c'est-à-dire que leur organisme ne produit pas suffisamment d'insuline ou qu'il l'utilise à mauvais escient. Il touche en majorité les adultes en surpoids et sédentaires. Sournois et indolore, le
diabète de type 2 est une maladie évolutive qui peut passer longtemps inaperçue : selon certaines estimations, il s'écoule, en moyenne, 5 à 10 ans entre l'apparition des premières hyperglycémies et le diagnostic. Le diabète de type 1, qui est révélé le plus souvent pendant l'enfance, se caractérise par la destruction auto-immune des cellules sécrétrices d'
insuline. Il impose un traitement par insuline immédiat et définitif.
Dans ces deux types de diabète, les traitements et les outils de contrôle de la glycémie ont beaucoup progressé, notamment grâce aux progrès technologiques. Les
dispositifs d'autosurveillance glycémique - beaucoup plus simples à utiliser couplés à des modalités de traitement efficaces - permettent de s'auto-surveiller de façon beaucoup plus efficace qu'avant. Ainsi, les complications à court et long terme sont significativement réduites.
"Le risque d'hypoglycémie et de complications en général peut de ce fait être mieux maîtrisé. Grâce aux progrès faits en diabétologie, la personne diabétique est capable de tenir la plupart des emplois", constate le Professeur Gérard Lasfargues,
diabétologue.
Des propositions pour faire bouger les choses. En cette période préélectorale, les associations de patients interpellent les candidats à la Présidence de la République. Elles leur demandent de s'engager à actualiser la réglementation trop restrictive et à évaluer les aptitudes au cas par cas. Ils demandent par exemple la création d'un groupe interministériel pour réévaluer au moins une fois par an, au regard des évolutions technologiques et médicamenteuses, la liste des professions interdites aux personnes diabétiques. "C'est bien une affaire de pluridisciplinarité entre les acteurs du soin, ceux de la santé au travail et les patients eux-mêmes", précise le Professeur Gérard Lasfargues, diabétologue, directeur général adjoint scientifique au sein de la Mission alertes et veille sanitaires (Anses) et conseiller auprès de la Fédération Française des Diabétiques.
En vidéo : le témoignage d'Alizée
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