Un numéro vert pour les professionnels de santé en burn-out
Près d'un professionnel de santé sur deux a un jour été confronté à un burn-out. Mais le problème c'est que les aides et structures de soutien sont quasi inexistantes.
Médecins, pharmaciens, infirmiers, dentistes, kiné, orthophonistes… Ces professionnels de santé qui prennent soin de notre santé sont eux aussi vulnérables.
Selon une enquête Stéthos (octobre 2016) pour l'association Soins aux Professionnels de Santé (SPS), plus des trois quarts des professionnels de santé chercheraient de l'aide s'ils se retrouvaient dans une situation de souffrance psychologique. Toutefois, ce qui est inquiétant, c'est que près de la moitié ne sauraient pas à qui s'adresser. Qui plus est, leur niveau de connaissance en matière d'associations de soutien et de numéros d'écoute dédiés est extrêmement limité. De fait selon cette même étude, 95 % des 4 019 professionnels de santé interrogés ne connaissent pas d'association qui puisse prendre en charge la souffrance psychologique. Aussi, révèle l'enquête, ces derniers sont demandeurs de consultations et de structures dédiées d'écoute et de soutien, ainsi que des lieux d'accueil spécifiques.
"Les résultats de la nouvelle et deuxième étude Stéthos démontrent bien l'intérêt de mettre à la disposition des professionnels rendus vulnérables et qui cherchent de l'aide un dispositif d'écoute et de soutien ainsi que des lieux d'accueil qui leur soient spécifiquement réservés", indique Henri Farina, président de Stéthos.
Un numéro vert dédié. Afin de répondre aux attentes des professionnels de santé en cas de souffrance psychologique, l'association Soins aux Professionnels de Santé (SPS) dévoile, à l'occasion d'un colloque qui se tient ce 29 novembre à Paris, plusieurs actions concrètes en matière de repérage, d'orientation et de prise en charge. Première mesure : l'ouverture en décembre d'une plateforme d'appel nationale avec numéro vert. "Cette plateforme d'appel proposera aux soignants le choix de différents dispositifs existants et/ou de services dédiés pour leur prise en charge", précise Éric Henry, président de SPS.
Autre mesure indispensable, la création de lieux d'accueil. L'association s'est donc lancée dans la mise en place d'unités dédiées régionales réservées aux professionnels de santé en souffrance nécessitant une hospitalisation. Les premières structures devraient ouvrir courant 2017 si le SPS obtient le feu vert des agences régionales de santé (ARS). "Chaque centre aura 10 à 30 lits", précise au Parisien Eric Henry.
1 médecin sur 2 confronté au burn-out. Une première étude réalisée par cette même association en novembre 2015 avait révélé que près d'un professionnel de santé sur deux "sont ou avaient été concernés par le burn-out" et que 14 % avaient rencontré un problème d'addiction à l'alcool ou à un psychotrope.
Rappelons que le burn-out a été décrit initialement chez les médecins urgentistes, en proie à des horaires de travail contraignants dans un contexte de travail stressant. "Au départ, on a l'impression que les murs tiennent, mais c'est juste une façade. En réalité, on n'arrive plus à résister à l'accumulation de stress prolongé et répété dans son travail. On est épuisé psychiquement et physiquement. Et tout d'un coup, ça s'écroule. On finit par s'effondrer, comme dévoré de l'intérieur, tout en affichant une façade avenante : c'est cela le burn-out", nous avait confié le Dr Yves-Victor Kamami, lui-même confronté au burn-out lorqu'il était interne.