Le cancer de la thyroïde est en hausse
30 ans après l'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl, l'augmentation des cas de cancers de la thyroïde fait encore débat.
Cette semaine, le bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'Institut de veille sanitaire (InVs) est consacré à l'épidémiologie du cancer de la thyroïde, dont l'incidence a beaucoup augmenté au cours des dernières décennies, en France et dans le monde. En 2015, le nombre de nouveaux cas en France était estimé à 7 317 pour les femmes et 2 783 pour les hommes.
Tchernobyl : coupable idéal ? Le cancer de la thyroïde est peu fréquent en France et bénéficie d'un bon diagnostic, mais il est en hausse ces dernières années. Dans beaucoup d'esprits, cette augmentation est la conséquence directe de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Bien que variable d'une région à l'autre, l'exposition aux radiations était cent fois moins importante en France que dans les pays à proximité de la zone de l'accident (Biélorussie, Russie…). Des études tentant d'évaluer les retombées de Tchernobyl avaient estimé que le nombre de cas spontanés de cancer de la thyroïde était largement supérieur au nombre de cas attribuables à l'exposition radioactive dû à l'accident de la centrale. Par ailleurs, de larges études de populations mises en place dans les pays proches de la zone de l'incident (Ukraine, Biélorussie, Russie...) ont révélé que l'exposition aux radiations pouvait provoquer d'autres pathologies : leucémie, cataracte, maladies cardiovasculaires, cancer du sein... Néanmoins, évaluer l'impact exact d'un accident nucléaire demeure compliqué.
Comment expliquer l'augmentation du nombre de cas ? En France, il est difficile d'évaluer tous les facteurs de risque avec précision car il existe une grande disparité entre les régions en terme d'incidence. Pour beaucoup de scientifiques, l'augmentation du nombre de cancers de la thyroïde peut être attribuée à l'évolution des méthodes diagnostiques. De plus en plus perfectionnées, elles permettent la détection de tumeurs de très petites tailles, dont certaines n'évolueront jamais en cas cliniques. C'est ce qui est appelé le surdiagnostic. La thyroïde est aussi un organe très surveillé. Lors d'examens médicaux de la région cervicale comme une écho-doppler, un dépistage des cancers de la thyroïde est pratiqué.
L'enfance : une période clé. Chez les tout-petits, la glande thyroïde est l'un des organes les plus radiosensible. L'un des facteurs de risque clairement identifié est l'exposition à des rayonnements ionisants pendant l'enfance. Ils peuvent provenir d'une exposition à des rayons X ou gamma lors d'examens médicaux (chez le dentiste par exemple), mais aussi d'une exposition à l'iode-131 lors d'un accident nucléaire ou d'essais atmosphériques. Des études menées sur les populations résidant à proximité de la centrale de Tchernobyl ont montré que dès les trois à quatre premières années suivant l'accident, l'augmentation des cancers de la thyroïde touchait majoritairement les individus qui étaient enfants ou adolescents au moment de l'incident et plus particulièrement ceux âgés de moins de 5 ans.