Des difficultés pour vous endormir ? Déconnectez !
Les nouvelles technologies sont à l'évidence partout et pour tous. A tel point, que nous avons du mal à nous déconnecter le soir, et même la nuit. Résultat : un sommeil plus léger et une fatigue qui s'accumule.
Tablettes, téléphones portables, montres connectées… Les nouvelles technologies prennent de plus en plus de place dans notre quotidien. Dans ce contexte, et à l'occasion de la 16e journée du sommeil, une enquête menée avec l'Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV) s'est intéressée à l'impact des écrans sur notre sommeil.
Pas de doute, les Français utilisent quasiment tous régulièrement les nouvelles technologies à leur domicile : 98% des personnes interrogées dans l'enquête INVS/MGEN* les utilisent pour leurs besoins personnels à domicile. "Ils envahissent littéralement notre quotidien", commente le docteur Sylvie Royant-Parola, psychiatre et Vice-Présidente de l'INSV. D'autant plus que "les limites entre la sphère personnelle et la sphère professionnelle sont de plus en plus floues. Les gens consultent leurs mails pro chez eux, et au bureau ils passent davantage de temps sur des sites perso, en particulier les réseaux sociaux."
Quand les écrans s'invitent jusque dans notre lit ! Environ 8 Français sur 10 utilisent leur ordinateur, tablette ou smartphone le soir après dîner, et presque 4 sur 10 les utilisent dans leur lit. De plus, 52% d'entre eux ont leur mobile en fonctionnement ou en veille dans leur chambre pendant la nuit lorsqu'ils dorment. Résultat : les sonneries et autres bip réveillent la moitié de ces dormeurs qui consultent presque tous leurs messages (92%) et qui sont très nombreux à y répondre sur le champ (79%). "Quel que soit l'âge et quel que soit l'objet connecté, les nouvelles technologies ont donné naissance à une société sur le qui-vive, où tout le monde est sur le pont, de jour comme de nuit", commente le Dr Royant-Parola. Le niveau d'alerte devient quasi permanent : dès qu'il y a un événement, qu'il soit positif ou négatif, on réagit, on commente, on partage. Et puis on reste connecté, pour observer les réactions des autres ou la suite de l'événement.
La conséquence, c'est que cela provoque des difficultés d'endormissement. "Couchés, le soir, les accros de l'écran ont leur attention captée par une grande tension, au moment précis où ils devraient se désinvestir de ce qui se passe aux alentours, décrit Sylvie Royant-Parola. Ce faisant, ils envoient un message paradoxal à leur cerveau, à qui ils donnent en même temps un signal d'éveil et un avis de recherche de sommeil. Un ordre et un contrordre : dors ! Ne dors pas !"
L'impact délétère de la lumière des écrans. Résultat, le temps moyen entre le moment où ils se couchent et le moment où ils s'endorment dure en moyenne 52 minutes. De plus, la majorité des français se réveille au moins une fois par nuit environ 30 minutes. Car non seulement, ils ont plus de mal à s'endormir, mais en plus leur sommeil est plus léger. D'autant plus que les signaux lumineux d'éveil délivrés la nuit par les écrans, même s'il ne durent que quelques millisecondes, perturbent l'horloge biologique au point qu'elle n'est plus capable d'assurer les conditions d'un endormissement rapide, ni d'un sommeil récupérateur. "La lumière agit, même quand on dort les yeux fermés !", souligne encore le Dr Claude Gronfier, neurobiologiste. En outre, "les recherches prouvent que notre horloge biologique est très sensible à la lumière le soir. L'impact des écrans est donc d'autant plus fort qu'on y est soumis en fin de journée. Cela modifie donc la structure du sommeil et favorise les insomnies." Par ailleurs, les spécialistes constatent que l'on passe moins de temps dehors, à la lumière du jour. "Or, plus on s'expose à la lumière pendant la journée, moins on est sensible à la lumière des écrans le soir". Un constat qui touche en particulier les plus jeunes, qui passent de plus en plus de temps sur les écrans le soir, et moins de temps à l'extérieur pendant la journée, se privant ainsi d'une exposition bénéfique à la lumière du jour.
Reste qu'en moyenne, les Français dorment 7h05 par nuit pendant la semaine, ce qui représente une donnée stable par rapport aux années précédentes. Mais un quart des Français récupère 1h30 de sommeil le week-end. Un constat préoccupant selon les spécialistes du sommeil car c'est le signe d'une accumulation de fatigue. Par ailleurs, un tiers des Français déclare souffrir de troubles du sommeil, à savoir d'insomnies en majorité, mais aussi du syndrome des jambes sans repos ou encore d'apnées du sommeil. Toutefois, le lien entre écrans et troubles du sommeil n'est pas encore clairement identifié.
Et, bonne nouvelle, plus de 80% des Français pensent à se déconnecter les jours de repos ou de vacances. "Nombre de personnes perçoivent le besoin de faire des pauses pour s'isoler, de résister à l'envahissement 24H sur 24, d'une forme de détox digitale", commente le Dr Joëlle Adrien, Présidente de l'INSV. Reste donc à convaincre les 20% restants de l'importance de préserver un espace-temps pour soi, sans stimulation extérieure…
Source : conférence de presse "Impact des nouvelles technologies sur le sommeil", 15 mars 2016.
*Enquête en ligne réalisée auprès de 1 013 personnes âgées de 18 à 65 ans entre le 3 et le 13 décembre 2015.