Des pesticides et des dioxines dans les tampons
60 Millions de consommateurs révèle dans son numéro de mars avoir trouvé des composés potentiellement toxiques dans les tampons et protections féminines. Elle réclame une réglementation rigoureuse par les pouvoirs publics.
Obtenir la composition d'un tampon, c'est pas coton ! Inutile de chercher sur les emballages de vos Tampax, Nett, Nana… Les distributeurs des grandes marques de protection périodiques sont muets sur la question. Et pour cause : il s'agit d'articles d'hygiène au regard de la réglementation, au même titre que les mouchoirs en papier. Rien ne les oblige donc à fournir la liste complète des ingrédients, comme c'est le cas avec les cosmétiques par exemple.
Alors qu'une pétition, lancée par une étudiante française et soutenue par plus de 185 000 signataires, réclame aux fabricants de tampons hygiéniques davantage de transparence quant à leur composition, la revue 60 Millions de consommateurs révèle la liste des matières premières, obtenue "non sans mal" auprès des fabricants.
Dioxine, pesticides... Elle livre également les résultats de tests qu'elle a effectués afin de rechercher d'éventuelles molécules toxiques. Et le résultat n'est guère très rassurant. Selon les études menées par le centre d'essais de l'Institut national de la consommation (INC), des résidus de substances potentiellement toxiques ont été détectés dans cinq des onze références analysées : des traces de dioxines (polluants industriels) dans des références de marques O.B et Nett et des résidus de dérivés halogénés (sous-produits liés aux traitements des matières premières) dans une référence de marque Tampax. Mais aussi, du glyphosate (la substance active de l'herbicide Round up), dans une référence de protège-slips Organyc, une marque qui se revendique pourtant bio. Enfin, des résidus de la famille des pesticides organochlorés et pyréthrinoïdes (insecticides) ont été repérés dans une référence de serviettes hygiéniques Always.
Faut-il s'inquiéter ? Dans tous les cas, les niveaux relevés sont faibles, concède toutefois 60 Millions de Consommateurs. "Ce n'est pas parce que les taux sont faibles que l'on peut garantir le risque zéro. En l'absence d'étude sur le passage systémique de chaque substance à partir du vagin, on ne peut rien conclure, juge le Dr Jean-Marc Bohbot, infectiologue et directeur médical à l'Institut Fournier, à Paris. D'autant que le vagin a une perméabilité très sélective en fonction des substances, ce qui a été très bien étudié pour les médicaments."
En attendant que des données scientifiques nous rassurent sur ce point, l'association de consommateurs réclame une expertise et davantage de réglementation pour obliger les fabricants à réaliser des contrôles et garantir l'absence de résidus potentiellement toxiques.