La fausse rumeur entre zika, microcéphalies et pesticides
L’association brésilienne de santé publique Abrasco dément tout lien entre l’augmentation de cas de microcéphalies chez les nourrissons et l’utilisation d’un insecticide utilisé au Brésil, le pyriproxyfène.
L'information relayée en début de semaine et selon laquelle les microcéphalies observées chez les bébés de femmes infectées par le virus Zika pouvaient être corrélées à l'utilisation de pesticides, serait en fait erronée.
Tout est parti d'un rapport d'un groupe de médecins militants anti-OGM argentins (l'organisation argentine PCST), faisant le lien entre l'utilisation du pyriproxyfène et l'augmentation préoccupante de microcéphalies au Brésil. Relayé sur le site Red Universitaria de Ambiente y Salud, il indique que le produit a été introduit dans les réservoirs d'eau potable dans le nord-est du Brésil en 2014 afin de lutter contre le moustique tigre. Soit un an avant l'augmentation des malformations chez les nourrissons. Il s'appuie par ailleurs sur une note de l'Association brésilienne de la santé publique, Abrasco.
Le fait que le gouvernement brésilien ait décidé de suspendre dimanche dernier l'utilisation du pyriproxyfène dans des réserves d'eau potable dans un état frontalier avec l'Argentine (Rio Grande do Sul), avait par ailleurs ajouté le doute dans cette affaire. En réalité, dans un contexte de crise, les autorités brésiliennes semblent avoir réagi trop vite.
L'association brésilienne de la santé publique Abrasco dément en effet toute corrélation entre les deux et évoque une rumeur. Dans un communiqué, publié le 15 février, elle précise qu'il n'y a aucune base scientifique permettant de confirmer ce lien. Certes, elle critique la décision du gouvernement brésilien d'investir dans l'utilisation de larvicides pour faire face aux moustiques Aedes puisque le produit peut affecter la potabilité de l'eau qui entre en contact avec la substance. Mais Abrasco ne fait pas de corrélation avec les malformations des nourrissons. "Ce scénario d'incertitude provoque l'insécurité dans la population et constitue un terrain fertile pour la diffusion de mensonges et de propos dénués de bases scientifiques, souligne l'association, avant d'inviter les chercheurs et la presse à la prudence.