Servier jugé responsable à cause du Mediator
Le tribunal de Nanterre vient de rendre une décision historique, en reconnaissant pour la première fois la responsabilité civile des laboratoires Servier quant à la "défectuosité" du Mediator.
Servier pouvait-il ignorer que le Médiator était défectueux et à l’origine de graves malformations cardiaques ? La réponse est non. Le Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre reconnaît pour la première fois la responsabilité civile des laboratoires Servier quant à la "défectuosité" du Médiator. C’est donc une première étape décisive pour débloquer les procédures judiciaires. Un premier pas vers la reconnaissance et l’indemnisation des victimes.
Utilisé par cinq millions de personnes, le Médiator pourrait être responsable à long terme d’au moins 2 000 décès, selon une expertise judiciaire. En août dernier, la cour administrative d’appel de Paris avait confirmé la responsabilité de l’Etat pour avoir attendu 2009 pour retirer le Médiator du marché français. Selon un rapport accablant de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) de janvier 2011, la toxicité du Médiator était connue dès 1999, il aurait donc dû être retiré du marché dès cette période. Mais jusqu’à ce jour, aucune juridiction ne s’était encore prononcée sur la responsabilité de Servier. "Cette décision est une grande victoire pour les victimes du Médiator", a déclaré Charles Joseph-Oudin, avocat de nombreuses victimes présumées du Médiator dans un communiqué.
5 ans après la révélation de ce scandale sanitaire. Depuis la révélation de l’affaire Médiator, par la pneumologue Irène Frachon, auteur du livre "Médiator, combien de morts ?", aucune victime n’a été indemnisée de manière définitive par la voie de la justice. Cela fait en effet 5 ans, que le laboratoire Servier nie l’évidence. Reste à savoir si le laboratoire assumera sa responsabilité. Ou s'il fera appel pour retarder (encore) l’indemnisation des victimes. "J’attends de voir s’ils vont reconnaître leur responsabilité et ne pas essayer de se défausser une fois de plus, a déclaré sur France Info Irène Frachon. [...] Il y a des personnes dont la souffrance est immense et le désespoir très grand depuis 5 ans. Les victimes sont souvent extrêmement déprimées, devant ce déni et ce mensonge."