Dépendance, fatigue, peu de sport… les étudiants en petite forme
Les enquêtes des mutuelles étudiantes révèlent que l’état de santé des jeunes se dégrade. Entre addictions, stress, et comportements à risque, le bilan est mitigé.
Ils ne dorment pas assez, fument et boivent souvent, et sont peu optimistes sur leur avenir : ce sont les étudiants français. Leur santé a fait l’objet de plusieurs enquêtes publiées en juin et juillet 2015 et réalisées indépendamment par la Mutuelle des Étudiants (LMDE), la mutuelle emeVia et la Smerep, mutuelle de la région Île-de-France. Résultat : 15 % des étudiants ont un état de santé moins bon qu’en 2014.
Des étudiants sujets aux addictions. Les jeunes semblent généralement très concernés par les comportements addictifs. Première dépendance : celle à l’alcool, puisque selon emeVia, 73,5 % des étudiants déclarent avoir déjà "trop bu". De même, d'après la LMDE, 54 % des étudiants ont expérimenté une "alcoolisation ponctuelle importante" (consommation de 6 verres ou plus en une même occasion) au cours de l’année. Pour la cigarette, les résultats sont mitigés : la proportion d’étudiants n’ayant jamais fumé progresse, mais le nombre de fumeurs quotidiens excessifs (plus de 10 cigarettes par jour) augmente, en passant de 5,5 % des étudiants en 2014 à 6,1 % en 2015. En ce qui concerne la consommation de cannabis, une hausse est aussi observée par emeVia : 37,7 % des étudiants ont déjà consommé du cannabis en 2015, contre 35,8 % en 2013. Même schéma pour les drogues dures, avec 2,6 % des jeunes ayant déjà consommé de l’ecstasy contre seulement 0,8 % il y a deux ans. Autre résultat révélé par ces enquêtes : les jeunes auraient un profil "polyconsommateur" : sur 100 consommateurs de cannabis, 87 fument du tabac et 58 sont des buveurs excessifs d’alcool.
Stress, déprime et inquiétude face à leur avenir. D'après l’enquête de la Smerep, 58 % des étudiants interrogés se sentent angoissés ou stressés. Premier facteur en cause : leurs études, à 78 % (jusque 88% en Île-de-France). De même, 69 % se déclarent "déprimés ou mal dans leur peau", et les jeunes femmes semblent plus touchées, avec 46 % d’entre elles en état de mal-être contre 25 % chez les garçons. Le sommeil est lui aussi touché puisque selon la LMDE, un étudiant sur cinq dort moins de sept heures par nuit. Quant à leur futur, les étudiants n’y accordent qu’une confiance très modérée : un quart d’entre eux affirme ne pas avoir confiance "ni en ses chances d’insertion professionnelle, ni en pensant à l’avenir" précise la LMDE.
Plus d’un étudiant sur deux oublie le préservatif. Bien que 84 % des étudiants affirment utiliser un préservatif lors d’un rapport avec un nouveau partenaire, 58 % des jeunes déclarent avoir déjà oublié cette protection. De plus, 12 % des étudiants reconnaissent ne jamais en utiliser. Par ailleurs, seulement un étudiant sur deux a déjà réalisé un test de dépistage du Sida. Côté contraception, la pilule l’emporte auprès des jeunes femmes puisque 77 % d’entre elles la choisissent entre tous les contraceptifs. Néanmoins la pilule du lendemain, contraceptif d’urgence, semble gagner du terrain : selon la LMDE, 28 % des étudiantes y ont eu recours une fois dans leur vie et 18 % à plusieurs reprises.
Les étudiants ne sont pas sportifs. D’après l’enquête de la LMDE, un étudiant sur deux ne pratique pas d’activité physique ou sportive régulière. En effet, la tranche d’âge des 18-24 ans semble être celle qui bouge le moins. En plus de ce manque de sport, les étudiants aggravent leur cas avec des mauvaises habitudes alimentaires : près de trois quarts d’entre eux sautent l’un des trois repas quotidien conseillés selon la Smerep.
Près d’un étudiant sur 3 renonce à ses soins. Une des explications à ces pratiques alimentaires semble être les moyens financiers restreints. Près d’un tiers des étudiants jugent en effet que leurs ressources financières sont "justes", avec un budget mensuel moyen de 388 euros d’après la LMDE. Cette mutuelle révèle aussi que faute de moyens, 27 % des étudiants ont renoncé à consulter un professionnel de santé et à recourir à des soins médicaux au cours des 12 derniers mois.
Une législation attachée aux jeunes. La jeunesse et ses comportements à risque sont déjà au cœur des préoccupations législatives, notamment au travers de la Loi Santé et du Plan anti-tabac. La limite d’alcoolémie au volant vient d’ailleurs de passer de 0,5 g/L à 0,2 g/L pour les jeunes conducteurs le 1er juillet 2015. De plus, des mesures telles que l’interdiction de fumer en présence de jeunes de moins de 12 ans dans une voiture ou encore la neutralité des paquets de cigarette pour les rendre moins attractifs devraient être prises prochainement pour limiter le tabagisme des plus jeunes.