Des patients privés de test de dépistage du cancer colorectal
Alors qu'un nouveau test de dépistage du cancer colorectal doit bientôt arriver, ceux réalisés en début d'année, avec l'ancien test, ont été détruits. Explications.
Mars bleu, le mois du dépistage du cancer colorectal, le 3e cancer le plus fréquent en France, est quelque peu entaché par un bug administratif. En cause, un nouveau test de dépistage de ce cancer, disponible dans quelques mois en France, et qui promet d'être plus simple d'utilisation pour les patients (un seul prélèvement de selles, contre six précédemment). Les Français qui rechignaient jusqu'alors à se faire dépister tous les deux ans, devraient ainsi être plus nombreux à participer à ce dépistage mis en place en 2009 pour les 50-74 ans. Actuellement, seules 33,7 % des femmes et 29,6 % des hommes pratiquent le test, alors que le cancer colorectal est responsable de plus de 42 000 nouveaux cas chaque année en France et qu'il est le 3e cancer le plus fréquent, derrière le cancer de la prostate (56 000) et le cancer du sein (48 000). L'autre intérêt de ce nouveau test OC-Sensor, c'est qu'il semble plus fiable et plus performant pour détecter d'éventuels cancers. En particulier, il devrait dépister moins de faux positifs qu'avec l'ancien test, évitant alors d'alarmer inutilement les patients et de pratiquer des coloscopies inutiles.
Quatre mois sans test de dépistage. Pour l'heure, ce nouveau test n'est pas disponible et les patients doivent donc utiliser l'ancien. Sauf que 11 000 français ont effectué un test qui ne sera sans doute jamais interprété, selon les estimations du Figaro qui révélait l'affaire la semaine dernière. Et pour cause : leurs prélèvements, envoyés après le 31 janvier, ont été détruits sur instruction du ministère de la Santé, en raison de l'arrivée d'un nouveau test en mai prochain. Le Figaro détaille : la Direction générale de la santé a adressé aux agences régionales de santé, le 30 décembre 2014, une instruction dans laquelle il est précisé que "pour assurer au mieux la période de transition entre les deux types de tests, il convient d'organiser l'arrêt de la distribution des tests au gaïac et d'en informer les parties prenantes au programme, que leur lecture sera possible jusqu'au 31 janvier 2015." Sauf qu'entre les lenteurs administratives pour transmettre l'information aux médecins et patients, ainsi que les réticences de certaines associations à l'idée de ne plus pouvoir proposer de tests, des tests ont continué à être effectués au mois de février. Résultat : toutes les personnes qui ont pris la peine de réaliser leurs six prélèvements de selles après le 31 janvier, n'auront jamais leurs résultats. Et surtout, elles devront attendre l'arrivée des nouveaux tests (sans doute en mai prochain) pour se faire dépister. "Au gâchis humain s'ajoutent la rupture du dépistage (au moins quatre mois sans dépistage) et la perte financière liée à la destruction des tests non utilisés", souligne Le Figaro.