Les enfants parisiens plus exposés aux polluants ?
Selon une enquête du JDD, les petits parisiens sont bien plus exposés à la pollution et au tabagisme passif que les enfants vendéens. La preuve par leurs cheveux...
Des mèches de cheveux prélevées sur 38 enfants de 2 à 11 ans, de Paris et de l'île d'Yeu, ont été confiées à un laboratoire spécialisé dans l'exposition des populations aux polluants (laboratoire de biomonitoring du Centre de recherche public de la santé au Luxembourg). L'objectif était de rechercher des traces de substances considérés comme des marqueurs de la pollution en ville, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Cette famille de molécules se trouve "en cocktail" dans l'air sous forme de gaz ou de particules. Elles se dégagent dès qu'il y a une combustion : carburants automobiles, chauffage domestique... mais aussi fumée du tabac. Les effets de ces substances sont encore mal connus. Certains sont classés comme cancérogène pour l'homme, d'autres cancérogène probables ou possibles.
Des résultats "édifiants", révèle le JDD qui a commandé cette enquête. A Paris en effet, tous les enfants de l'étude sont des "fumeurs passifs". La comparaison entre les deux groupes d'enfants a confirmé que les petits Parisiens sont en moyenne bien plus exposés à la pollution que les enfants Vendéens, en particulier les enfants en bas-âge. Autre résultat surprenant : que leurs parents soient fumeurs ou non fumeurs, les enfants parisiens sont bien plus soumis au tabagisme passif que ceux de l'île d'Yeu. Ainsi, chez les enfants de fumeurs, la concentration en cotinine (le biomarqueur du tabac) est 5 fois plus élevée chez les enfants parisiens que chez ceux habitant sur l'île d'Yeu. Et on relève en moyenne chez les enfants de non-fumeurs parisiens deux fois plus de cotinine que chez les enfants de non-fumeurs vendéens. "Il faudrait pouvoir étudier avec précision les sources de tabagisme passif auxquels ils sont exposés. Si leurs parents et leur entourage ne fument pas, cette exposition environnementale à la cigarette pourrait être liée au mode de vie à Paris : des espaces confinés, une forte densité de population, plus de fumeurs dans la rue...", avance le scientifique interrogé par le JDD.
Précisons que l'étude ne porte que sur 38 enfants, elle n'est donc pas significative. Ces résultats n'en demeurent pas moins préoccupants. De quoi inciter la communauté scientifique à creuser la question au travers d'études épidémiologiques de plus grande ampleur.
En avril dernier, une étude menée par Générations futures avait déjà fait grand bruit, révélant alors que les cheveux des enfants élevés en milieu rural contenaient des pesticides. Tous les polluants présents dans le sang finissent en effet par arriver dans le bulbe capillaire où ils sont piégés. Une mèche de 1 cm livre ainsi des informations sur un mois d'exposition.