Les contrôles des voyageurs à Roissy seront-ils efficaces contre Ebola ?
A titre préventif et afin de renforcer la lutte contre le virus Ebola, la France renforce les mesures de sécurité à l'arrivée des voyageurs sur le territoire français en provenance de Guinée.
La France renforce son dispositif anti-Ebola. Dès samedi, tous les passagers en provenance de Conakry en Guinée feront l'objet d'un dépistage à leur arrivée à l'aéroport Roissy Charles de Gaulle sur le vol quotidien d'Air France. Chaque jour, ce sont 200 passagers qui seront contrôlés sur la passerelle de débarquement, donc avant leur entrée dans l'aéroport, via cet unique vol direct en provenance de la Guinée.
"Nous mettons en place une action d'identification des températures à l'aide de dispositifs à infrarouge sans contact couplé à un questionnaire simple", a expliqué Benoit Vallet, le Directeur général de la santé lors d'une conférence de presse ce jeudi. L'objectif : évaluer si le voyageur a séjourné dans une zone contagieuse et s'il a pu être en contact avec une personne contagieuse. Les examens seront menés par l'équipe médicale de l'aéroport en liaison avec la Croix-Rouge et la Protection civile. En cas de température supérieure à 38°C associée à un facteur de risque de proximité avec une zone contagieuse, le cas sera alors classé "possible". Et immédiatement pris en charge avec le secours des personnels du Samu, avant d'être transféré vers l'un des douze établissements hospitaliers de référence.
Que fait-on des autres passagers ? La confirmation d'un cas suspect prenant plusieurs heures, les autorités de santé débuteront immédiatement une investigation des autres cas possibles. Aussi, toutes les personnes ayant été en contact du possible cas seront dans le même temps recensés. Mais pas mis en quarantaine. Les coordonnées des passagers du vol concerné seront conservées et les passagers quitteront donc l'aéroport. L'objectif étant de pouvoir les suivre si le cas était ultérieurement confirmé.
Mesure efficace ? Les vols indirects qui transitent par d'autres pays ne sont donc pas concernés par ces contrôles. Est-ce suffisant ? Peut-être pas estime Christelle Martin, la secrétaire générale de Force Ouvrière Aéroport de Paris, interrogée par France Info : "Ce n'est pas ça qui empêchera qu'on ait des cas en France ou dans d'autres pays. Ils ciblent les vols arrivant des pays où il y a des foyers mais on a quand même beaucoup de correspondances – notamment par Bruxelles– donc si c'est uniquement organisé sur la France ce n'est pas ça qui empêchera la propagation de l'épidémie."
Pour l'heure, seul Londres a introduit des contrôles à l'arrivée dans ses principaux aéroports et gares, suivant les exemples américain et canadien. Les contrôles mis en place dans les aéroports français n'auront de sens que s'ils se font dans le cadre d'une "concertation européenne", a souligné Benoit Vallet. Alors que les ministres européens sont en ce moment même réunis à Bruxelles pour discuter d'un contrôle au niveau européen, "une concertation collective seraient bienvenue", a-t-il encore ajouté.
Rappelons que toute personne revenant d'un pays touché par Ebola doit se signaler au Samu si elle a de la fièvre dans les 20 jours qui suivent son retour. Les voyages vers les pays touchés par Ebola sont par ailleurs déconseillés par le ministère de la Santé, étant donné le risque encouru.
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