L'infirmière de MSF est guérie d'Ebola mais...
Alors que la jeune volontaire est sortie de l'hôpital, MSF rappelle que 3000 personnels médicaux continuent de risquer leur vie en Afrique de l'Ouest. Et l'épidémie est toujours hors de contrôle.
La jeune infirmière française, volontaire pour l'organisation Médecins Sans Frontières (MSF) et contaminée par le virus Ebola lors d'une mission au Liberia, est désormais guérie et a quitté l'hôpital Bégin (Saint-Mandé) samedi. Dans un communiqué de presse, Marisol Touraine, ministre de la Santé, s'est dite "très heureuse de cette évolution favorable" et a salué "l'engagement et le courage de cette jeune femme, ainsi que la mobilisation de toutes celles et de tous ceux qui se battent sur le front de la terrible épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest." Interrogée par BFM TV la ministre a précisé que l'infirmière qui n'était plus contagieuse allait "pouvoir retrouver sa famille" et entrer dans une période de convalescence de "plusieurs semaines". Par ailleurs, elle a assuré que des traitements expérimentaux vont être utilisés en Guinée à une échelle plus large. "La priorité aujourd'hui c'est de se concentrer sur l'Afrique", a déclaré la ministre. Marisol Touraine a également affirmé que la France allait "installer d'ici à quelques semaines un troisième centre de traitement pour les malades de Guinée".
Stéphane Roques, directeur général de MSF a lui aussi exprimé son soulagement : "Nous partageons la joie de la famille de notre collègue. C'est une excellente nouvelle et un immense soulagement pour tous les MSF."
Le virus se propage très vite. Selon MSF, on estime à plus de 373 le nombre des personnels médicaux infectés par le virus Ebola depuis le début de l'épidémie en mars dernier. Parmi eux, 208 n'ont pas survécu, dont 9 membres du personnel MSF. "Nous avons une pensée pour les autres membres du personnel MSF ayant contracté le virus Ebola depuis le début de notre intervention et plus particulièrement pour ceux qui en sont morts ainsi que leurs proches", a précisé Stéphane Roques. Actuellement, près de 3 000 MSF, expatriés et personnels nationaux, restent mobilisés contre Ebola en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. "Au vu de la rapidité avec laquelle le virus se propage, il faut malheureusement envisager la possibilité que d'autres personnels des ministères de la Santé, d'autres MSF ou encore des membres de leurs familles contractent Ebola. Pour le bien de toutes les populations dans les pays les plus touchés, MSF ne peut qu'exhorter une fois de plus les États qui en ont les moyens à agir immédiatement afin d'endiguer l'épidémie" a encore lancé Stéphane Roques.
Renfort américain ? La panique causée par le cas Ebola au Texas pourrait peut-être accélérer l'aide internationale. Le premier - et, pour le moment, le seul - cas de fièvre Ebola diagnostiqué sur le sol américain a déclenché la panique dans le pays. Après une première visite aux urgences, au cours de laquelle il avait signalé qu'il revenait du Libéria, les médecins, l'avaient pourtant renvoyé chez lui. Ce n'est que quatre jours plus tard, qu'il avait été hospitalisé et isolé. Problème : il avait sans doute eu le temps pendant ce délai de contaminer d'autres personnes. Depuis le 2 octobre, 80 personnes sont en quarantaine. Et la chasse au virus est ouverte. Même si les pays sont préparés à faire face à la menace Ebola, ceci prouve qu'il peut y avoir des failles. En septembre, le président américain Barack Obama avait annoncé que 3 000 soldats américains seraient envoyés en Afrique de l'Ouest pour participer à la construction de nouveaux centres de traitement, offrir une aide logistique et assurer la formation de personnel sanitaire. Pour l'heure, quelque 200 soldats américains sont présents au Liberia, où ils travaillent à l'installation de leur centre de commandement anti-Ebola pour toute la région. Mais sur place, les efforts pour enrayer l'épidémie demeurent compliqués en raison du manque de personnels de santé mais aussi du scepticisme persistant et de la panique des populations face au virus. Les Etats-Unis pourraient envoyer un millier d'hommes supplémentaires a affirmé vendredi à Washington le porte-parole du ministère américain de la Défense.