Médicaments contre l'hépatite C : très efficaces mais trop chers pour la Sécu
Commercialisés mais très chers, les premiers médicaments pour traiter l'hépatite C risquent de plomber les comptes de la branche maladie. Dans le cadre du projet de financement de la Sécurité sociale, Marisol Touraine propose de mettre les laboratoires à contribution.
Ces nouveaux traitements bien tolérés par les patients sont capables de guérir 90 % des malades de l'hépatite C. "Avec l'arrivée de ces anti-viraux, on peut parler de véritable révolution dans les traitements contre l'hépatite C", se réjouissait le Professeur Marcellin, hépatologue à l'hôpital Beaujon à Clichy (Hauts-de-Seine), que nous avions interrogé.
Efficaces mais hors de prix. Mais ces médicaments sont aussi l'objet d'une polémique : le Sovaldi (sofosbuvir) est facturé un peu plus de 650 euros par comprimé par le laboratoire pharmaceutique américain Gilead, ce qui élève la facture totale à 56 000 euros pour un traitement complet. Soit un poids énorme pour l'Assurance Maladie. En juillet dernier, certains députés de la majorité avaient dénoncé la marge exorbitante réalisée par le laboratoire. Et d'après leurs calculs, prendre en charge à 100 % les 60 000 Français en attente d'un traitement en urgence devait coûter 4,8 milliards d'euros à la Sécurité sociale. Ils réclamaient donc des tarifs plus abordables.
Les associations de patients s'inquiètent. Une situation également dénoncée depuis plusieurs mois par les associations de patients, qui pressent le gouvernement d'agir pour que le traitement puisse être accessible au plus grand nombre de patients. "Va-t-on devoir refuser la guérison à des milliers de malades pour des raisons de coût ?", soulignait ainsi Aides dans un communiqué en mai dernier.
Lundi 29 septembre, à l'occasion de la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, la ministre de la Santé Marisol Touraine a annoncé que "des mesures vont être prises pour faire face à la progression exceptionnelle des dépenses de traitement de l'hépatite C". Pour ce faire, le gouvernement souhaite utiliser un dispositif prévu par la loi : au-delà d'un certain chiffre d'affaires, les laboratoires concernés devront reverser une contribution progressive, calculée en fonction du chiffre d'affaires réalisé. Un mécanisme qui permettra "de faire supporter un éventuel dépassement imputable aux médicaments de l'hépatite C aux seuls laboratoires concernés", selon le gouvernement.
Autre levier de négociation, l'arrivée sans doute prochaine d'autres médicaments concurrents sur le marché, qui devraient entraîner une baisse des prix. L'américain Abbvie qui commercialise l'association Viekiurax et Exviera vient de déposer une demande d'autorisation de mise sur le marché (AMM) en France. Mais l'ANSM n'a pas encore donné de réponse positive.