Rachel Lambert raconte son combat pour laisser partir Vincent
L'épouse de Vincent Lambert sort un livre intitulé "Vincent, Parce que je l'aime, je veux le laisser partir". Elle y décrit son histoire avec l'ex-infirmier aujourd'hui en état végétatif et son combat pour l'arrêt des soins.
C'est un plaidoyer pour que l'on respecte les volontés de son mari dont le sort n'est toujours pas fixé. Mais c'est aussi le récit d'une histoire d'amour tragique. Si jusque-là, elle avait refusé de témoigner, elle apparaît aujourd'hui à visage découvert. Et elle pèse ses mots. Rachel Lambert souhaite écrire et dire sa vérité sur une affaire trop médiatisée. Pour qu'il reste "quelque chose de joli dans tout ce qu'on peut lire."
Avant "l'Affaire Lambert". Aujourd'hui, Vincent Lambert est au centre d'un feuilleton judiciaire qui déchire sa famille, mais aussi au coeur des débats sur la fin de vie. Alors si sa femme a décidé de parler, c'est d'une certaine façon pour le laisser parler et pour dire sa vérité. Dans son livre intitulé Vincent, parce que je l'aime, je veux le laisser partir, aux éditions Fayard, elle dévoile les pans de son histoire intime avec l'ex-infirmier. A commencer par leur vie avant l'accident. A l'époque, ils vivent une belle histoire d'amour. Tous deux sont infirmiers et évoquent de ce fait très naturellement la question de la fin de vie. Selon sa femme, Vincent n'imagine alors pas devenir un jour dépendant et "cloué à un lit".
Sa liberté n'est pas à l'ordre du jour. Et puis arrive ce jour de septembre 2008, où la vie du tout jeune Papa de 32 ans bascule. Victime d'un grave accident de la route, Vincent Lambert se retrouve dans un état végétatif. Au fil des examens et des bilans médicaux, les médecins décrivent un état de plus en plus grave. En avril 2013, alors que les médecins de l'unité de soins palliatifs du CHU de Reims décident en concertation avec l'épouse et le neveu de Vincent Lambert d'éviter tout acharnement thérapeutique, ses parents saisissent la justice et obtiennent gain de cause. Le 11 mai suivant, le tribunal administratif de Châlons-en-champagne enjoint l'hôpital de Reims de rétablir l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert, au motif que ses parents n'ont pas été suffisamment informés, comme le prévoit la loi Léonetti, de la décision prise par l'équipe médicale. "Je suis sous le choc, tétanisée par la nouvelle que je viens d'apprendre, se souvient Rachel Lambert dans son livre. Aujourd'hui , 11 mai 2013, l'absurde du monde extérieur s'est invité dans sa chambre. Je vais devoir lui annoncer que sa liberté n'est pas à l'ordre du jour. Je ne sais comment faire, ni si je dois le faire. Suite à une décision de justice, on va devoir le "rebrancher", lui administrer de nouveau son traitement, ce traitement qu'il ne supporte pas." A partir de ce moment-là, l'histoire de Vincent Lambert, devient "l'Affaire Lambert". "Mon mari devient un cas", écrit sa femme.
"Son sort est soumis à la décision de la Cour européenne des droits de l'homme." En juin dernier, alors que les experts médicaux décrivent un état dégradé et des lésions cérébrales graves et irréversibles, le Conseil d'état confirme son avis favorable à l'arrêt des soins dans le cadre prévu par la loi Léonetti. Mais les parents de Vincent Lambert n'acceptent toujours pas la décision et saisissent la Cour européenne des droits de l'homme. Pour l'heure, aucun élément calendaire n'a été fourni et la femme de Vincent est donc dans l'attente et dans l'espoir. Dans l'espoir que la volonté de son mari, un homme profondément "libre" et "qui ne voulait pas vivre dans un état de dépendance" soit respectée.
Pas une militante pro-euthanasie. "Je ne me porte pas en étendard, comme je ne veux pas que Vincent soit pris en étendard", a expliqué Rachel Lambert sur Europe 1 lundi. "Mes convictions, je ne les ai jamais exprimées publiquement : ce ne sont pas elles qui comptent mais ce que Vincent avait exprimé, qui est primordial".