Déjà plus de 3000 morts d'Ebola
Le virus Ebola a fait 3093 victimes dans cinq pays de l'Afrique de l'Ouest selon le dernier bilan de l'OMS. La région est dépassée et peine à prendre en charge les malades. Témoignage d'une soignante MSF au Libéria.
Sur un total de 6574 malades d'Ebola dans cinq pays d'Afrique d'Ouest, 3093 sont morts, informe l'OMS dans son dernier bilan. C'est le Libéria qui est le plus touché par l'épidémie : 1830 personnes y ont perdu la vie. La publication samedi de ce nouveau bilan intervient alors que le Sénégal a ouvert un corridor humanitaire aérien pour permettre d'acheminer de l'aide en matériel et en personnel dans les trois pays les plus touchés, après la fermeture de ses frontières le 21 août. Elles devraient avoir lieu dans les prochains jours, selon des responsables sénégalais.
Vendredi, le président américain Barack Obama avait estimé que l'Afrique de l'Ouest était "dépassée" par l'épidémie de fièvre Ebola et que le monde ne devait plus jamais permettre à une telle tragédie d'avoir lieu. De son côté le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé vendredi une enveloppe supplémentaire de 130 millions de dollars en faveur de la Guinée, du Liberia et de la Sierra Leone qui bénéficient déjà de plans d'aide de l'institution.
Pendant ce temps-là au Libéria. En attendant, les témoignages de travailleurs humanitaires se multiplient pour dénoncer une situation de plus en plus ingérable. Le manque de personnel soignant et de structures médicales pour accueillir les malades, mais aussi la peur du virus, créent une atmosphère de psychose. Cokie Van der Velde, vient de quitter le Royaume-Uni pour le Libéria. Sur le site de MSF, elle décrit une situation qui s'aggrave : "Je suis venue pour la première fois au Liberia il y a cinq semaines, et je crois que la situation va de mal en pis. [...] Au centre, les gens gémissent et hurlent. L'odeur de sang, de diarrhée et de vomi est abominable, et malheureusement, l'odeur des cadavres imprègne tout, elle aussi. [...] La plupart du temps, on a le cœur au bord des lèvres." Elle décrit aussi toute les difficultés et les frustrations que rencontrent les soignants pour apporter du réconfort à leurs patients. "Je change les patients, je leur fais leur toilette, et j'essaie tout simplement d'offrir un contact physique à chacun, parce que personne d'autre ne les touche, personne ne s'est approché d'eux depuis des jours. Ils doivent se sentir très seuls, et terrifiés. Je ne sais pas à quel point je peux leur apporter du réconfort, couverte ainsi de la tête aux pieds, avec mon masque et mes lunettes." Elle raconte enfin, ces moments "effroyablement tristes" où elle doit passer à la tâche si déplaisante de déplacer les corps. "Je dispose des fleurs autour de la housse, et s'il s'agit d'un enfant, des jouets. Nous ne pouvons pas permettre aux proches de toucher le corps. Ils peuvent uniquement le voir, et ensuite, nous scellons la housse pour toujours."
Lire le témoignage complet sur le site de MSF
Et aussi