Site nucléaire d'Albion : vers un nouveau scandale sanitaire ?

D'anciens militaires du site de lancement de missiles nucléaires du plateau d'Albion sont aujourd'hui touchés par des cancers. Mais l'armée dément toute responsabilité.

Site nucléaire d'Albion : vers un nouveau scandale sanitaire ?
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Le nucléaire est-il responsable des cancers dont souffrent des vétérans du site nucléaire d'Albion ? C'est la question posée par Le Parisien, ce lundi 21 avril. Selon une enquête exclusive menée par le quotidien, "plusieurs dizaines de militaires" souffrent de "formes rares de cancer". Leur point commun : avoir travaillé sur le site d'Albion, non loin du mont Ventoux, au contact de 18 zones de lancement de missiles nucléaires ultrasecrètes. Parmi ces hommes, un ancien commando de l'air se bat, depuis 2003, pour faire reconnaître la nécrose des os dont il souffre. Selon lui, elle est la conséquence des irradiations qu'il a subies au cours de l'année passée à veiller sur les têtes nucléaires. Reste à prouver le lien entre ces irradiations nucléaires et les maux dont souffrent les anciens militaires, dont certains sont aujourd'hui décédés de sarcome ou de leucémies foudroyantes. Mais pour savoir à quelles doses de radioactivité les militaires ont été exposés, encore faudrait-il que les relevés dosimétriques soient consultables. Or, certains militaires n'étaient à l'époque pas équipés de dosimètre. Et quand bien même ils l'étaient, l'un des militaires interrogé par Le Parisien évoque une certaine lenteur de l'armée alors qu'il vient juste d'obtenir le sien "onze ans après en avoir fait la demande". Le ministère de la Défense, dément d'ailleurs que les militaires aient été exposés à toute "dose significative de radioactivité pouvant avoir un impact sur la santé". Le site nucléaire d'Albion ne serait pas le seul concerné. Des anciens militaires de l'Arsenal de Brest, ayant travaillé au contact de têtes de missiles ont eux aussi développé des cancers. Plusieurs sont décédés de maladies radio-induites, reconnues comme professionnelles pour quatre d'entre eux.
Des risques pour les riverains ? Pour Annie Thébaud-Mony, sociologue de la santé et directrice de l'unité Inserm "Groupement d'Intérêt scientifique sur les cancers d'origine professionnelle" à l'université Paris XIII, le lien entre le travail sur un site nucléaire comme le plateau d'Albion et le développement de cancers par certains vétérans, ne fait "aucun doute". Interrogée ce matin par Europe 1, elle évoque un "scandale sanitaire", comparable avec celui de l'amiante. "Je ne sais pas quels sont les rejets qui menacent les riverains. Ce dont je suis convaincue, c'est qu'on a des règles dans le code du travail, à savoir qu'il ne doit pas y avoir de contact entre un cancérogène et une personne, quelle qu'elle soit ", lance-t-elle. Avec la radioactivité dans le nucléaire civil ou militaire, on a une situation qui est extrêmement préoccupante, sur laquelle nous sommes un certain nombre de chercheurs à avoir alerté et depuis longtemps."