Arrêter de fumer rendrait heureux : vraiment ?
Selon une enquête publiée dans la rue médicale British Medical Journal, et contre toute attente, arrêter le tabac rendrait... heureux !
On savait déjà que l'arrêt du tabac avait de multiples avantages sur notre santé, notamment sur le cœur, les poumons, le souffle, mais aussi sur l'aspect de la peau et l'hygiène dentaire, ou encore sur le sommeil. Mais arrêter de fumer serait également bon pour le moral, selon une étude du British Médical Journal. Des résultats pour le moins surprenants.
Dans le détail, cette étude s'est concentrée sur des fumeurs dits "moyennement dépendants", âgés de 44 ans en moyenne et qui fumaient entre 10 et 40 cigarettes par jour. 48 % d'entre eux étaient des hommes. Ils ont tous été questionnés avant et après leur tentative d'arrêt (entre six semaines et six mois après le sevrage). Conclusion sans appel de la coordinatrice de l'étude, Genma Taylor, de l'Université de Birmingham : "en comparant des non-fumeurs et des fumeurs, on trouve une association avec une moins bonne santé mentale chez les fumeurs". Elle espère que ces résultats contribueront à stopper quelques idées reçue, comme celles conférant au tabac certaines vertus anti-stress voire relaxantes.
Car la question est légitime : arrêter le tabac rend-il vraiment heureux ? À en croire les témoignages de notre entourage, pas vraiment. La peur du manque pouvant susciter des réactions d'angoisse et des passages de déprime. De plus, scientifiques et psychanalystes décrivent depuis longtemps le sentiment de "satisfaction orale" que procure la cigarette (on parle aujourd'hui d'avantage de "besoin d'auto-apaisement"). Ce qui décrit très bien Gemma Taylor : "lorsqu'un fumeur n'a pas fumé pendant un moment, il est anxieux et stressé, il pense que c'est la cigarette qui va le soulager, qu'elle va lui être bénéfique (...). Beaucoup de fumeurs ont peur de perdre le soutien psychologique qu'est à leurs yeux la cigarette s'ils l'abandonnent". Or, c'est bien le manque de nicotine qui provoque ces effets négatifs. Mais selon une autre étude japonaise publiée en 2007, après trois semaines d'arrêt du tabac, le nombre de récepteurs nicotiniques présents dans le cerveau des fumeurs chroniques reviendrait au même niveau que celui des non-fumeurs, ce qui permettrait aux symptômes du manque de diminuer. Ainsi, le plus dur serait de dépasser cette période fatidique des trois semaines.
Par ailleurs, notons que l'étude s'est concentrée que sur les fumeurs ayant décidé d'arrêter. Non contraints, ils sont donc davantage susceptibles de ressentir l'arrêt de la cigarette comme une libération, une victoire et une fierté, ce qui pourrait expliquer ce sentiment de bonheur et influer sur leurs réponses.
Selon des chiffres fournis en juillet dernier par l'Organisation mondiale de la santé, le tabac tuerait près de 6 millions de personne par an. Un chiffre qui devrait atteindre 8 millions de morts en 2030.
Alors c'est tout de même l'occasion de profiter de cette nouvelle et de chanter "Le tabac, c'est tabou, on en viendra tous à bout" !