3e plan cancer : les mesures annoncées par François Hollande

C'est à l'occasion de la Journée mondiale contre le cancer, ce mardi, que le président François Hollande a dévoilé le 3e plan cancer. Ses priorités : la lutte contre les inégalités face à la maladie et l'insertion professionnelle.

3e plan cancer : les mesures annoncées par François Hollande
© Robert Kneschke - Fotolia.com

Le 3e plan cancer 2014-2018, dont le budget s'élève à 1,5 milliards d'euros, comporte un ensemble de recommandations pour la lutte contre le cancer. Il met l'accent sur la lutte contre les inégalités face à la maladie et le traitement de cancers évitables, comme ceux liés au tabac.

Premier objectif du Plan cancer : "guérir plus de malades" avec en premier levier d'action, le dépistage. Aujourd'hui, 5 millions de familles sont concernées par le cancer en France et un malade sur deux atteint d'un cancer est guéri. Mais le cancer demeure surtout une pathologie dans laquelle les inégalités de santé sont importantes. Le chef de l'Etat souhaite que "toutes les personnes qui se feront dépister ou qui recourront à des examens complémentaires seront intégralement prises en charge, sans aucune avance de frais." Le cancer du col de l'utérus fera par ailleurs l'objet d'un dépistage systématique avec une "généralisation du frottis tous les trois ans". De plus, François Hollande a précisé que la couverture vaccinale contre ce cancer n'est pas suffisante. "D'ici cinq ans, nous allons doubler cette proportion", a-t-il annoncé.
Autre mesure annoncée, la réduction du délai moyen d'attente pour obtenir un examen par IRM pour bénéficier d'un diagnostic. "Le délai ne devra plus dépasser 20 jours [aujourd'hui de 27 jours, NDLR] quel que soit le lieu d'habitation. 15 millions d'euros seront donnés aux collectivités sous-équipées", a promis François Hollande. Enfin, l'information aux patients doit être améliorée, avec la possibilité de comparer les établissements de santé. "Deux nouveaux indicateurs seront rendus publics sur le site national d'information en santé que notre pays attend depuis de longues années", s'est engagé François Hollande.
Côté traitements, le Président souhaite mettre plus rapidement à la disposition des patients les médicaments innovants et ainsi accélérer les procédures d'accès avant même leur autorisation de mise sur le marché. Par ailleurs, les dépenses de chirurgie reconstructrice après un cancer, comme la reconstruction mammaire, devraient désormais être traitées comme des soins en secteur 1, donc sans dépassements d'honoraires. Enfin, pour faciliter le parcours de soins du patient, qui passe de moins en moins de temps à l'hôpital, un "dossier communiquant de cancérologie" sera créé. "Fin 2015, tous les patients en disposeront", a précisé François Hollande.
Epineuse question du tabac. C'est la principale cause "évitable" de cancer et les associations de lutte contre le tabagisme espéraient des mesures fortes contre le tabac, renouant ainsi avec le premier plan cancer qui avait "déclaré la guerre au tabac", grâce à une forte hausse du prix des cigarettes. Le chef de l'Etat annonce qu'un "programme national anti-tabac" sera présenté par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avant l'été. La hausse des prix des cigarettes se poursuivra mais les recettes de leur vente nourriront un fond pour la recherche et le soutien aux malades. Enfin, le président a insisté également sur les autres facteurs de risque du cancer (alcool, cancers liés au travail, etc.). "L'usage des appareils de bronzage seront ultérieurement encadrés", a-t-il promis.
Deuxième priorité du Plan Cancer : améliorer la vie des malades, à toutes les étapes du traitement jusqu'à la guérison. "3 millions de personnes ont un cancer. Elles ont des droits", a t-il déclaré. Ce troisième plan devrait notamment s'intéresser à la période "négligée" de l'après-cancer. Actuellement, parmi les personnes en activité lors de leur diagnostic, un tiers ont quitté leur emploi deux ans après. "L'enjeu, c'est de permettre aux malades de conserver leur place dans la société". Des revenus de remplacement sont aujourd'hui garantis pour les salariés employés en contrat à durée indéterminée ou à temps partiel, travaillant plus de 200 heures par trimestre. "Au premier janvier 2015, le seuil de déclenchement des indemnités sera abaissé à 150 heures", a annoncé François Hollande.
La notion de "droit à l'oubli" a été mentionnée par François Hollande. Il s'agirait de ne pas faire mention du cancer sur le dossier médical lié à un emprunt bancaire. Et devrait porter sur les cancers dont les études montrent qu'ils guérissent et pour lesquels l'espérance de vie est équivalente à celle de la population générale. Tous les cancers de l'enfant et de l'adolescent seraient concernés ainsi que certains cancers de l'adulte.
Troisième objectif, mettre rapidement les innovations au service des patients. "Nous devons être une nation de progrès et la recherche en fait forcément partie", a déclaré François Hollande. "L'enjeu du plan cancer, c'est de doubler en cinq ans le nombre des essais cliniques pour qu'ils concernent tous les cancers et notamment les 1 700 cancers pédiatriques et toutes les régions, notamment celles qui sont aujourd'hui les moins concernées et je pense à l'outre-mer." Le Président a par ailleurs annoncé le lancement d'un programme de séquençage à haut débit de l'ensemble des cancers d'un budget de 60 millions d'euros.  

En VIDEO
La table ronde "Cancers : les défis de l'innovation", organisée le 4 décembre 2013 à Paris, a été l'occasion de confronter le point de vue des différents acteurs de l'oncologie. Au-delà, des questions médicales, ces rencontres ont été l'occasion de soulever des problématiques étiques, économiques mais aussi sociologiques. 
Voir les interventions en vidéo de Catherine Cerisey (patiente et blogueuse), Emmanuel Hirsch (professeur d'éthique médicale) ou encore de Jacques Raynaud (Président de la fondation ARC).