Médicaments : bientôt en grande surface ?
Afin de faire baisser les prix des médicaments d'automédication, l'Autorité de la concurrence préconise une libéralisation "limitée et encadrée" de leur vente.
Alors que les écarts tarifaires entre les officines restent importants, le débat autour de la vente de médicaments en grandes surfaces est lancé. Dans un avis publié ce jeudi, l'Autorité de la concurrence se prononce en faveur de la vente de médicaments en grandes surfaces. Elle plaide pour une ouverture encadrée de la distribution au détail de ces produits et explique ne pas vouloir chambouler la distribution du médicament en ville, mais "s'adapter aux nouveaux modes de commercialisation et aux attentes des consommateurs en matière de prix et de services". Elle estime que la vente de médicaments en grandes surfaces pourrait faire baisser les prix des médicaments. "La concurrence entre officines est relativement faible, peut-on lire dans cet avis. En témoignent les très forts écarts de prix (de 1 à 4) relevés sur les médicaments non remboursables." L'organisme préconise donc l'ouverture à la concurrence des médicaments délivrés sans ordonnance, dit d'automédication, mais aussi d'autres produits tels que les tests de grossesse ou les produits d'entretien pour lentilles. Pas question pour autant de vendre les sirops contre la toux et les comprimés anti-maux de gorge au milieu des boîtes de conserve. Elle propose en effet la création d'un espace de vente dédié, mais aussi l'obligation de délivrance d'un conseil, notamment via la présence d'un pharmacien diplômé. Des grandes surfaces légitimes ? Et pourquoi pas répond Michel-Edouard Leclerc interrogé par Le Parisien daté du 20 décembre. "Je m'engage à ce que nos pharmaciens aient la même déontologie que ceux des officines. Pourquoi seraient-ils moins bons ? L'Ordre des pharmaciens pourrait créer une section de pharmacie de commerce", propose-t-il, tout en affirmant vouloir vendre les médicaments entre 20 et 30 % moins cher que la moyenne. De son côté, l'UFC Que Choisir salut l'avis de l'Autorité de la concurrence et appelle les Sénateurs à adopter sans attendre cette mesure lors de l'examen prochain du Projet de loi Consommation. Selon elle, cette ouverture à la concurrence permettrait de diminuer les dépenses sur les médicaments d'automédication (de plus de 16 % selon leur analyse). "Ces baisses de prix concerneraient à la fois les achats en grandes surfaces, mais aussi en pharmacies, puisque celles-ci devront baisser leurs marges face à cette nouvelle concurrence".
Sans surprise, Marisol Touraine et l'Ordre national des Pharmaciens n'ont pas tardé à réagir. Selon l'Ordre, les prix des médicaments sont souvent moins élevés en France que dans d'autres pays européens. Par ailleurs, il craint que l'ouverture de la vente de médicaments aux grandes surfaces représente un danger pour les pharmacies de proximité. "Nous risquerions d'avoir aussi des déserts pharmaceutiques", s'inquiète Isabelle Adenot, la présidente du Conseil de l'ordre des pharmaciens dans les pages du Parisien. De son côté, la ministre explique dans un communiqué être opposée à la vente de médicaments en grandes surfaces et réaffirme son attachement au monopole officinal sur les médicaments.
Rappelons que sirops, aspirines et autres médicaments d'automédication sont en vente libre sur le Web en France depuis juillet dernier.