Les gynécologues s'alarment de la baisse de dépistage du cancer du sein
De plus en plus de cancers du sein sont dépistés à un stade avancé, ce qui diminue les chances de guérison.
"Le dépistage organisé a baissé de façon historique ces derniers mois", a déploré le président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), le professeur Israël Nisand, à l'occasion d'une conférence de presse. Le taux de dépistage organisé dépassait à peine les 52 % en 2014 et le dépistage individuel (des mammographies prescrites par les gynécos ou les médecins) concerne 10 à 15 % des femmes de 50 à 74 ans. L'addition des deux reste donc en-deçà de l'objectif européen fixé à 70 %.
Conséquence directe, selon le CNGOF : de plus en plus de Françaises consultent à la suite d'une découverte d'une boule au sein, alors que le cancer est déjà avancé. Evidemment, cela implique des traitements plus lourds et moins efficaces. "Le diagnostic du cancer du sein à un stade précoce reste vital", a souligné le docteur Marc Espié, responsable du centre des maladies du sein de l'hôpital Saint-Louis à Paris. Cela permet de repérer des tumeurs plus petites et donc plus facilement guérissables, sans ablation du sein (mastectomie) ou chimiothérapie.
Pour informer les femmes, le CNGOF a annoncé le lancement d'une campagne en faveur du dépistage. Il souhaite faire passer le message qu'il existe depuis 2004, un programme de dépistage organisé du cancer du sein proposé aux femmes de 50 à 74 ans, avec un protocole précis qui inclut des mammographies prises en charge à 100 %, réalisées tous les deux ans.
Pour les gynécologues, si les femmes se détournent du dépistage, c'est en raison des polémiques sur le dépistage organisé. Rappelons en effet que le dépistage organisé fait l'objet depuis plusieurs années de critiques, qui remettent en cause ses bénéfices. En particulier, on reproche au dépistage organisé de dépister certaines lésions qui n'auraient pas toujours évolué vers un cancer invasif ("sur-diagnostic"). Mais pour l'heure, la défiance grandissante des femmes envers la mammographie inquiète les gynécologues. Selon eux, il est important d'écouter les polémiques pour améliorer le dépistage, mais il ne faut pas que tout le message soit mal compris.
Le ministère de la Santé a annoncé en avril dernier une rénovation du dépistage organisé, avec une consultation à 25 ans, puis à 50 ans avec le gynécologue ou le médecin traitant afin de discuter des réticences autour du dépistage.
Le cancer du sein touche plus de 50 000 nouvelles femmes par an et 12 000 femmes en meurent chaque année. C'est le cancer le plus meurtrier chez la femme.