Ce comportement est typique d'une mère toxique
La vôtre peut-être ?
Une personne toxique nuit au bien-être émotionnel, mental et parfois même physique. La plupart du temps, on pense que ce type de dynamique nait dans un couple, une amitié ou au sein d'une relation professionnelle. Il est alors possible de se réfugier auprès de sa famille pour trouver du réconfort. Mais la toxicité peut aussi venir de là, elle peut même provenir de sa mère directement. Il n'y a alors plus de foyer sûr, réconfortant et encourageant. Plus de repères. L'espace familial ressemble plutôt à une guerre de territoire dans laquelle l'enfant porte un lourd fardeau. Parfois, les comportements sont tellement insidieux qu'il est difficile de les identifier et de les remettre en question. Et il faut du temps, des années même, pour ouvrir les yeux et parvenir à se libérer de cette emprise.
La source des relations toxiques entre une mère et son enfant provient la plupart du temps du fait que la mère possède ses propres blessures d'enfance. Ces blessures se sont transformées en besoins inassouvis de l'enfance, qu'elle va faire porter sur les épaules de son enfant. "Quand on regarde ces mères, on se rend compte qu'elles ont toutes des besoins inassouvis : besoin de contrôle, besoin de pouvoir, besoin de soutien émotionnel" nous explique Clémence Biel, coach certifiée, formée en psychologie de l'enfance et en neurosciences et autrice du livre "Et si c'était votre mère le problème ?" en librairie le 18 septembre.
Nous avons tous des blessures d'enfance qui peuvent s'activer, celles d'une mère toxique peuvent ressurgir en fonction des expériences et des étapes de la vie. "Par exemple, l'adolescence de sa fille peut entrainer un effet miroir sur sa mère. Elle se rendra compte de tous les potentiels qu'elle n'a pas exploité dans sa propre vie." La toxicité d'une relation n'est pas toujours évidente à distinguer. Pour y voir plus clair, Clémence Biel dresse sept profils de mère toxique :
- La mère victime : elle quémande de l'attention en jouant la victime. "C'est une sorte de narcissisme déguisé. Elle est tellement centrée sur son mal-être qu'il n'y a pas de réciprocité dans la relation", poursuit Clémence Biel. L'enfant prend souvent le rôle du sauveur et risque de développer ce syndrome du sauveur dans toutes ces autres relations.
- La mère étouffante ; elle pense qu'elle aime juste "trop" son enfant. "Il n'y a pas de limites saines. Elle utilise souvent la phrase "Tu es ma raison de vivre", alors qu'en face l'enfant suffoque" s'alarme la spécialiste. Dans sa vie d'adulte, l'enfant va confondre codépendance et amour.
- La mère qui a besoin d'être maternée : elle réclame à son enfant l'amour maternel dont elle a manqué pendant sa propre enfance. "Elle dit souvent "Qu'est-ce que je ferais sans toi ?", qui donne une énorme responsabilité sur les épaules de l'enfant."
- La mère contrôlante : "Elle est convaincue de mieux savoir que son enfant : ce qu'il ressent, ce dont il a besoin, ce qu'il est et même ce qu'il pourrait penser." Cette mère peut se montrer très critique, l'enfant peut effacer sa propre voix et intérioriser la voix de sa mère comme auto-critique dans le quotidien.
- La mère narcissique : elle veut être perçue comme supérieure aux autres et utilise ses enfants pour refléter une bonne image d'elle-même auprès des autres. "Elle se vante de ses enfants, s'accapare leur réussite", ajoute Clémence Biel. L'enfant est en quête de validation et pense être aimé lorsqu'il réussit.
- La mère indifférente : elle est insensible aux besoins émotionnels de son enfant et se sent mal à l'aise avec la proximité émotionnelle. "Elle refoule souvent ses propres émotions et a donc du mal à accueillir les émotions de son enfant." Ce qu'on appelle co-régulation des émotions, c'est-à-dire la gestion des émotions grâce à la relation avec la mère, n'a jamais lieu et l'enfant aura le réflexe d'être plutôt transparent en société.
- La mère imprévisible : elle n'a pas d'équilibre émotionnel et peut passer de la "mère gentille" à la "mère impitoyable" en un instant. L'atmosphère du foyer sera instable et anxiogène. Une fois adulte, l'enfant sera toujours en état d'hypervigilance et ressentira une insécurité dans ses relations.
Une mère toxique peut avoir un ou plusieurs de ces profils. Ils peuvent aussi évoluer en fonction des étapes de la vie. De contrôlante, elle peut devenir imprévisible, etc.
Une relation toxique avec la mère peut entrainer pour l'enfant une très forte autocritique car les mots de sa mère sont devenus sa petite voix intérieure, mais aussi une faible résistance au stress et une faible capacité à réguler ses émotions. S'ajoute à cela la peur de finir comme sa mère, "qui contrairement à ce que l'on pourrait penser nous rapproche encore plus de notre maman. Plus on a des ressentis intenses à propos de notre propre mère, plus on est connecté à elle" d'après la spécialiste. Une relation toxique avec la mère entraine aussi des problèmes d'identité, "on nous a appris à jouer un rôle, à porter un masque depuis l'enfance et non à être pleinement nous-mêmes". L'enfant sera inconsciemment à la recherche d'un amour maternel sain et risquera d'aller le chercher dans des relations de dépendance (affective, à la nourriture, au travail, aux réseaux sociaux...) mais gardera un sentiment de vide. Enfin, restera aussi un sentiment persistant de culpabilité et de redevabilité envers la mère.
Pour venir à bout de cette relation toxique, il faut en identifier les mécanismes. "Une fois que les blocages sont levés, on va pouvoir essayer de se libérer de cette relation." Ce processus peut prendre du temps, "nous ne sommes pas encouragés à remettre en question le fonctionnement de la relation parent/enfant" rappelle Clémence Biel. Il ne faut pas hésiter à se tourner vers un professionnel de la psychologie (psychologue, psychothérapeute, psychanalyste...) pour échanger et trouver des solutions libératrices. Il y en a toujours et il n'est jamais trop tard.