Psycho : comment arrêter de tout prendre personnellement ?

"S'ils me regardent en souriant, c'est parce qu'ils se moquent de moi", "Si elle n'est pas d'accord avec moi, cela signifie que j'ai probablement tort et que je dois me remettre en question", "Si mon collègue ne répond pas à mon e-mail, c'est parce qu'il m'en veut"… D'aucuns diront qu'il s'agit de susceptibilité exacerbée voire de paranoïa. En réalité, le fait de tout prendre personnellement provoque une véritable souffrance. Les personnes qui prennent tout personnellement ont du mal à dire non, elles ont besoin de l'approbation des autres, peuvent passer des jours entiers à ressasser des faits et sont en permanence sur la défensive. S'il est parfaitement normal de se sentir blessé par des remarques ou attitudes déplacées, il arrive parfois que l'on prenne les choses beaucoup trop à cœur. Or, la plupart du temps, les remarques qui nous sont adressées n'ont aucune visée offensante. Il s'agit simplement de faits.

Une grande peur du jugement et une extrême sensibilité

"Prendre tout personnellement revient à interpréter chaque remarque comme une critique à son encontre. Ce phénomène dénote d'un profond manque de confiance en soi qui trouve souvent son origine dans l'enfance", décrit Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne. Moqueries, dévalorisation, absence d'écoute émotionnelle, perfectionnisme… Divers traumatismes ont généré une peur du jugement de l'autre qui est alors perçu comme un être malveillant. En découlent une faible estime de soi, une tendance à se dévaloriser et une extrême sensibilité. La peur du jugement est si présente qu'elle amène à des conduites d'évitement. "Ne pas pouvoir entendre un discours, une remarque, un questionnement de l'autre sans se sentir attaqué, penser être dans l'erreur au point que chaque mot de l'autre se transforme en critique peut se révéler extrêmement difficile à vivre pour soi et pour l'entourage", informe la spécialiste. De plus, "le fait de prendre tout personnellement nous fait passer à côté de nombreuses discussions qui permettraient l'échange, la compréhension du point de vue de l'autre, mais aussi de s'améliorer soi-même parce que l'on se bloque sur la croyance que ce qui est dit est forcément dirigé contre nous, remarque Johanna Rozenblum. Or, cela peut être un frein à la relation à l'autre mais aussi à l'épanouissement personnel car si tout est une critique, on passe à côté de certaines informations, de certains messages qui pourraient nous permettre de grandir ou que l'on pourrait contester mais qui nous permettraient d'être à l'écoute de l'autre". 

Pour arrêter de prendre les choses personnellement :

► Se rappeler que la plupart des critiques qui nous sont adressées ne sont que des projections de nos interlocuteurs. Une personne bien dans sa vie ne ressent pas le besoin de critiquer ses pairs. Comme le rappelle l'un des quatre accords toltèques "Quoi qu'il arrive n'en faites pas une affaire personnelle". En clair, "quand quelqu'un me parle  - même s'il prononce mon prénom – que ce soit pour me critiquer et me dévaloriser ou pour me dire que je suis géniale, dans les deux cas, il ne parle que de son monde" nous expliquait la psychologue Christine Magat dans un précédent article. "Si je fais une affaire personnelle du commentaire d'un ami ou d'un collègue, c'est qu'il y a des perforations dans mon bouclier. Face à ce genre de personnes, il est important de tenir fermement son bouclier."

► Observer la situation avec du recul. Ce n'est pas parce qu'on ne nous répond pas à un sourire ou à un e-mail que l'on nous en veut ! La personne à laquelle on s'adresse peut être submergée de travail ou de soucis personnels, son attitude n'a alors rien à voir avec nous.

► Comprendre que l'on ne peut pas plaire à tout le monde. Des traits de personnalité peuvent plaire à certaines personnes et déplaire à d'autres, ainsi va la vie. D'où l'importance d'avoir conscience de ses qualités pour ne plus se laisser atteindre.