FOMO : ce syndrome fréquent cache en réalité un manque de confiance en soi
Le syndrome FOMO se caractérise par le sentiment désagréable et frustrant de toujours passer à côté de quelque chose. C'est votre cas ?
Le FOMO est un phénomène social décrit pour la première fois en 2004 par Patrick McGinnis, auteur et conférencier qui a utilisé le terme FOMO dans un éditorial pour The Harbus, journal étudiant de la Harvard Business School. Dans sa chronique, il s'étonne du rythme effréné des étudiants qui enchaînent cours, matchs, réunions et soirées au sein d'une même journée. Interrogé plusieurs années après par le Boston Magazine, il indique que ce comportement serait apparu après les attentats du 11 septembre 2001, ayant fait surgir chez les individus un désir frénétique de vivre. "Ce phénomène touche peut-être un peu plus les jeunes - adolescents et jeunes adultes - même si toutes les tranches d'âge peuvent en être victimes" nous confie Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne.
C'est quoi le syndrome FOMO ?
L'acronyme FOMO vient de l'anglais Fear Of Missing Out que l'on peut traduire par la peur constante de passer à côté d'un événement, une soirée, un anniversaire, un séminaire professionnel, un concert, une information, une tendance... Aussi appelée "anxiété de ratage", cette forme de phobie sociale serait particulièrement nourrie par l'utilisation croissante d'Internet et particulièrement la surcharge informationnelle induite par les réseaux sociaux.
Les signes révélateurs d'un FOMO
► Le besoin de rester connecté en permanence :
- Vous êtes scotché à votre smartphone
- Vous paniquez quand vous êtes dans un endroit où il n'y a pas de réseau
- Vous vérifiez toujours le niveau de batterie avant de sortir de chez vous
- Vous consulter frénétiquement votre portable pour savoir si vous avez reçu un message
- Vous êtes nerveux quand vous n'êtes plus joignable
► Le désir d'ubiquité, autrement dit, la capacité d'être présent en plusieurs lieux à la fois :
- Vous êtes incapable de répondre "non" à une invitation et/ou faire des choix, finissant par vous retrouver "surbooké"
- Vous vous forcez à aller à un événement même si vous n'en avez pas envie
- Vous préférez être vu à un évènement que (vraiment) participer à cet évènement.
- Vous prenez des photos ou vidéos que vous allez ensuite poster sur les réseaux sociaux pour montrer que vous y étiez : les réseaux sociaux représentant une vitrine de votre vie sociale.
► Le manque de concentration :
- Vous prêtez davantage attention à votre portable ou aux écrans qu'à l'environnement qui vous entoure
- Vous manquez d'écoute et de disponibilité d'esprit quand une personne dialogue avec vous (votre entourage vous l'a d'ailleurs déjà fait remarquer)
- Vous avez des difficultés à vivre pleinement le moment présent
- Vous avez tendance à être dans l'anticipation et à planifier les prochains événements
Quelles sont les causes du FOMO ?
Cela vient combler une faible estime de soi et la frustration vis-à-vis de sa propre vie
Le fait de louper quelque chose traduit souvent une peur d'être exclu socialement et d'être rejeté, qui peut faire écho à une blessure émotionnelle de rejet ou d'abandon vécue pendant l'enfance. "A travers la connexion, on peut se sentir exister socialement, et cela vient combler une faible estime de soi et la frustration vis-à-vis de sa propre vie, une vie qui apparaît moins palpitante (souvent à tort) que celle des autres", justifie la psychologue.
Quelles solutions pour s'en défaire ?
► Essayer tant bien que mal de se détoxifier des écrans. Pour cela, imposez-vous des activités sans téléphone (cuisine, activité manuelle, lecture, sport, balade dans la nature, pièce de théâtre...). "Forcez-vous à ne pas consulter votre téléphone dès le réveil, pendant les repas ou juste avant de vous coucher", conseille notre experte.
► Se forcer à rater des événements, à refuser des invitations et à accepter que les autres peuvent passer de bons moments sans nous
► Arrêter d'anticiper les événements futurs et essayer de profiter au maximum de l'instant présent. De même, il faut veiller à cultiver ses relations et interactions réelles
► Désacraliser les réseaux sociaux : ce que l'on voit sur Instagram ou Facebook ne donne pas une image fidèle et exhaustive de la vie des gens. Cela ressemble plus à une sélection idéalisée de tranches de vie qui ne reflète donc pas la réalité. "Comparer sa vie à celle des autres sur les réseaux sociaux, c'est l'équivalent de regarder ses relevés bancaires après avoir consulté la liste de Forbes des 400 Américains les plus Riches", ironise le Pr Barry Schwartz, professeur à Swarthmore, dans son livre "The Paradox of Choice: Why More Is Less".
► Si besoin, demander l'aide à un professionnel de la santé mentale comme un psychologue
► Se diriger progressivement verr la tendance inverse : le JOMO (ou Joy of Missing Out) qui correspond à un sentiment de joie éprouvé à l'idée de rester seul, de louper un moment social, un événement, une soirée, au profit d'un temps pour soi à faire ce que l'on aime vraiment