Schizo-affectif : signes, test, guérir ce trouble
Hallucinations, apragmatisme, désintérêt… peuvent être les signes d'un trouble schizo-affectif. Qu'est-ce ? Quelles en sont les causes et comment ce trouble est-il diagnostiqué ? Éclairage de Julie Zajac, psychologue clinicienne.
Définition : c'est quoi le trouble schizo-affectif ?
Le trouble schizo-affectif fait partie de la famille des troubles schizophréniques. "Comme pour la plupart des troubles psychiatriques, il apparaît souvent à la fin de l'adolescence et au début de l'âge adulte. Il se caractérise par la présence de symptômes de la schizophrénie, associés à des symptômes liés à l'humeur, comme la dépression ou des épisodes d'euphorie ou de grande irritabilité (manie)", définit la psychologue clinicienne, Julie Zajac.
Quels sont les signes du trouble schizo-affectif ?
Les personnes qui souffrent de trouble schizo-affectif cumulent deux familles de symptômes. "Il s'agit des symptômes positifs de la schizophrénie tels que les hallucinations, les idées délirantes, la désorganisation de la pensée, du comportement, du discours ainsi que des symptômes négatifs", liste la spécialiste. Parmi ces symptômes, on retrouve le déficit de la motivation, le désintérêt pour les autres, l'apragmatisme, mais aussi des troubles de l'humeur comme la manie, l'hypomanie ou la dépression. "Ces deux familles de symptômes sont très entremêlées", tient à préciser la psychologue clinicienne. "Les symptômes psychotiques du patient seront congruents (en rapport) à son humeur. Contrairement à un patient qui souffre de trouble bipolaire, une personne souffrant de trouble schizo-affectif verra les symptômes psychotiques perdurer même si l'humeur se stabilise".
Quelles sont les causes d'un trouble schizo-affectif ?
Selon la psychologue, il n'y a pas de cause unique et directe. Plusieurs facteurs peuvent ainsi être à l'origine de ce trouble. "Il existe des facteurs biologiques, des antécédents familiaux pouvant induire une vulnérabilité génétique au stress et des facteurs psychosociaux, c'est-à-dire des événements de vie stressants répétés dans le temps qui viennent perturber cette vulnérabilité (humiliations répétées, traumatismes, migration…)", souligne Julie Zajac. L'ingestion de toxiques peut également le favoriser. "La consommation de drogues dures, de cannabis ou d'alcool peut être un facteur qui va favoriser l'émergence de la pathologie", précise la psychologue.
Le trouble schizo-affectif peut être invalidant au quotidien
Y a-t-il un test pour diagnostiquer un trouble schizo-affectif ?
Le diagnostic est réalisé par un médecin psychiatre. "Certains tests peuvent être utilisés par le psychiatre pour explorer la symptomatologie de l'humeur et des symptômes psychotiques mais c'est surtout l'observation des symptômes ainsi que plusieurs entretiens cliniques qui détermineront le diagnostic", avance Julie Zajac.
Comment guérir d'un trouble schizo-affectif ?
Comme les autres troubles psychiatriques, le trouble schizo-affectif peut être invalidant au quotidien. Une prise en charge médicamenteuse et psychothérapeutique peut être envisagée. "Le traitement médicamenteux servira à apaiser les symptômes les plus aigus et à stabiliser l'humeur. L'approche centrée sur la réhabilitation psychosociale vise à aider les personnes souffrant de troubles psychiques à se rétablir et à obtenir une satisfaction de vie à la hauteur de leurs attentes", explique Julie Zajac. Elle préconise notamment les thérapies comportementales et cognitives (TCC). "Elles sont intéressantes pour travailler sur la régulation émotionnelle, la gestion des hallucinations, sur les idées délirantes et la psychoéducation, afin que les patients comprennent bien leur fonctionnement et comment se manifeste leur trouble", détaille-t-elle. La remédiation cognitive, sur certains symptômes invalidant le quotidien, est également à explorer. "Il s'agit, à l'aide d'exercices de faire travailler la personne sur des compétences qui peuvent être déficitaires dans le trouble (planification, attention, mémoire, vitesse de traitement de l'information, cognition sociale…)".
Merci à Julie Zajac, psychologue clinicienne.