Compassion : définition, excès, manque, que faire ?
La compassion est un sentiment qui permet de comprendre l'autre et partager sa souffrance. A quoi sert ce sentiment ? Quelles différences avec l'empathie ? Que faire si on en manque ? Au contraire, si on en a trop ? Le point avec Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne.
Définition : qu'est-ce que la compassion ?
Le mot compassion vient du latin 'cum patior' qui signifie 'souffrir avec'. "C'est un sentiment qui amène à partager la souffrance et la douleur de l'autre. Ressentir de la compassion, c'est souffrir avec la personne, c'est prendre un peu pour soit de la souffrance de l'autre jusqu'à la ressentir", explique d'emblée Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne.
Quelles sont les différences entre l'empathie et la compassion ?
Souvent confondus, l'empathie et la compassion sont pourtant deux sentiments distincts, qui ne présentent pas le même engagement émotionnel. "L'empathie, c'est la capacité à comprendre et accepter la souffrance de l'autre dans sa subjectivité et sans jugement. C'est pouvoir entendre les affects douloureux sans avoir ni à les éprouver, ni à les légitimer. C'est un rapport de bienveillance à l'autre qui permet d'accepter son vécu", note Johanna Rozenblum. L'empathie se trouve sur le chemin vers la compassion, mais ne porte pas cette dimension de souffrir avec l'autre.
Quels sont les bienfaits de la compassion ?
La compassion permet d'être en adéquation avec des valeurs morales, de guider nos choix et d'entretenir une forme d'estime de soi
La compassion à l'égard d'une personne qui souffre représente sans doute un soutien précieux pour elle. Et dans le sens inverse, faire preuve de compassion est-il bénéfique ? "La compassion permet de se sentir proche et d'adapter son comportement à l'égard de l'autre. Elle aide à la prise de décision, à venir en aide, à ne pas se détourner de la souffrance dont on est témoin. En cela, elle permet d'être en adéquation avec des valeurs morales, de guider nos choix et d'entretenir une forme d'estime de soi", note notre experte.
Excès de compassion : quelles causes et conséquences ?
Si faire preuve de compassion est une valeur noble et un sentiment qu'il est primordial de savoir expérimenter, l'excès de compassion est un piège. "A l'excès, la compassion peut nous absorber dans une souffrance qui n'est a l'origine pas la notre. Si, dans une attention extrême à l'autre et à ce qui arrive autour de nous, nous nous mettons à éprouver des flots d'affects pouvant mettre à mal notre équilibre émotionnel, c'est notre propre santé mentale qui est alors en jeu. La souffrance éprouvée peut générer de la résignation, de l'indignation, de la colère ou des symptômes dépressifs", développe la psychologue.
Manque de compassion : quelles causes et conséquences ?
Certains font preuve d'excès de compassion. D'autres n'en ressentent pas, ou trop peu. Les causes d'une telle carence peuvent s'expliquer. "Le manque de compassion peut entrainer des comportements d'évitement. En général, les personnes qui font preuve de peu de compassion mettent en réalité en place une stratégie de défense qui a vocation à les protéger d'une souffrance qu'ils ont peur d'éprouver ou qui pourrait les mettre en danger psychiquement", note Johanna Rozenblum.
Que faire quand on n'a pas de compassion ?
S'il est possible d'apprendre à être davantage compatissant et à s'améliorer avec le temps, cela se joue toutefois pour beaucoup dans l'enfance. Pour notre experte, "c'est en apprenant jeune à se mettre à la place de l'autre et imaginer ce qu'il ressent que l'on apprend à avoir un comportement adéquat et donc à adapter son attitude et ses mots. Il est possible de se sensibiliser à la subjectivité et au vécu de l'autre en grandissant, mais encore faut il avoir été un enfant dont les émotions ont été prise en compte, considérées et soutenues... Il est plus compliqué de comprendre l'autre si soi-même on n'a pas été entendu".
Merci à Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne.