Érotomanie : définition, symptômes, que faire ?
Les victimes de ce délire psychologique doivent porter plainte.
Obsession, harcèlement... L'érotomanie est un trouble psychologique qui peut (dans les cas les plus graves) devenir dangereux et aller jusqu'à rechercher l'union amoureuse par le meurtre de celui qu'il a aimé puis haï. Pour les victimes d'une personnalité érotomane, il est conseillé de signaler ces faits en allant déposer plainte.
C'est quoi l'érotomanie ?
Le mot érotomanie vient du grec ancien "érôtomanía" (qui signifie "amour fou") composé du génitif "érôs" ("amour, désir") et de "manía" ("folie"). L'érotomanie est un trouble psychologique étudié par Gaëtan Gatien De Clérambault, psychiatre en 1912. Ce trouble délirant se caractérise par la conviction chez un individu qu'il est aimé par un autre. C'est un délire passionnel porté par cette illusion délirante d'être aimé(e). Elle prend une forme obsédante qui se fixe généralement sur un individu au départ inconnu, voire une personnalité publique. Cette conviction se traduit chez l'érotomane par une forme de harcèlement pour provoquer la rencontre et faire avouer l'autre sur ses prétendus sentiments. Si cet amour fictif n'est pas déclaré, la personne érotomane peut céder à la dépression, puis à la rancune et à l'agressivité.
Quels sont les signes d'un érotomane ?
La personne érotomane a la conviction délirante d'être aimé(e) par quelqu'un. Elle va s'imaginer que tous ses gestes, paroles, likes sur les réseaux sociaux, sont des preuves d'amour que l'autre lui envoie. Avec de nombreux arguments, elle va tenter de démontrer à son entourage qu'elle vit une belle histoire d'amour.
Quel est le contraire d'érotomanie ?
L'extrême opposé de l'érotomanie est la paranoïa, trouble mental qui se manifeste par une méfiance exagérée à l'égard des autres, l'interprétation négative de la moindre parole, le soupçon ou encore l'agressivité. La personne paranoïaque se sent persécutée en permanence, elle a l'impression qu'on lui veut du mal.
Quelle est la cause de l'érotomanie ?
"La cause de l'érotomanie est une non reconnaissance narcissique par les parents. C'est très compliqué parce que cela vient aussi et d'abord de la personnalité des parents. Quand on a une relation normale avec eux, ils nous font des câlins, des bisous, ils nous montrent de l'intérêt. Mais si une femme n'a jamais eu d'attention physique ou affective de la part ses parents, elle va interpréter la moindre petite attention comme du désir sexuel, rapporte Valérie Grumelin, psychologue. Elle se fabrique alors une relation platonique et cela lui fait un bien fou. Très souvent, ce sont des enfants issus d'une famille toxique au sein de laquelle ils ont juste reçu le strict minimum pour s'en sortir. Par exemple, les parents étaient alcooliques, pas à la hauteur".
Quelles sont les 3 phases de l'érotomanie ?
La personne érotomane passe par trois phases :
- l'espoir où elle est persuadée d'être aimée :
- le dépit où elle commence à être impatiente, se fait de plus en plus présente auprès de la personne "élue" ;
- la rancoeur (ou rancune) quand les idées de persécutions s'intensifient et quand l'amour devient haine.
Quel test pour diagnostiquer l'érotomanie ?
"Il n'y a pas de test spécifique à effectuer mais le diagnostic n'est pas difficile à poser. On s'en rend compte lorsque la patiente vient consulter et qu'elle nous parle. Elle s'invente un monde et la plupart du temps, la personne dont elle est amoureuse ne le sait même pas", indique la psychologue.
Comment soigner l'érotomanie ?
Il est conseillé de se faire suivre par un professionnel en psychologie ou psychiatrie. À partir d'un traitement médicamenteux, d'une thérapie ciblée, voire d'une hospitalisation, le trouble de l'érotomanie peut être maîtrisé. "Le traitement consiste à apprendre à la patiente érotomane ce que représente l'estime de soi, ce que cela signifie d'avoir été aimée, écoutée et comprise par ses parents ", explique la spécialiste. Concrètement le but est de parvenir à limiter les comportements violents, maintenir un fonctionnement social pour ainsi améliorer la qualité de vie de la personne qui en souffre.
L'érotomanie fait-elle partie du DSM-5 ?
Selon les critères DSM-5, l'érotomanie fait partie des troubles délirants, aux côtés d'autres maladies, et se nomme "l'illusion délirante d'être aimé"
Merci à Valérie Grumelin, psychologue à Paris.