Burn out : définition, signes, comment en sortir ?
Fatigue intense, impression d'être pressé comme un citron... Le "burn out" est un syndrome d'épuisement professionnel. Quelles sont les causes ? Comment savoir si je fais un burn out ?
Le burn out est une maladie très contemporaine, aussi connue sous le nom de "syndrome d'épuisement professionnel". Le terme de "burn out" ne peut pas être utilisé pour l'épuisement parental (on ne peut pas parler de "burn out parental") puisqu'il est réservé au contexte professionnel.
Définition : c'est quoi le burn out ?
Le burn out ("burn" signifie "brûler" en anglais) est un syndrome qui rassemble plusieurs symptômes caractéristiques d'un épuisement professionnel. "L'épuisement professionnel est un syndrome conceptualisé comme résultant d'un stress professionnel chronique qui n'a pas été géré avec succès" définit l'OMS dans la CIM-11 (Classement International des Maladies). "Au départ, on a l'impression que les murs tiennent, mais c'est juste une façade. En réalité, on n'arrive plus à résister à l'accumulation de stress prolongé et répété dans son travail. On est épuisé psychiquement et physiquement. Et tout d'un coup, ça s'écroule. On finit par s'effondrer, comme dévoré de l'intérieur, tout en affichant une façade avenante : c'est cela le burn-out", explique le Dr Yves-Victor Kamami.
Quelle sont les signes du burn-out ?
Selon la définition de l'OMS, les symptômes d'un burn out sont :
- un sentiment de fatigue intense et d'épuisement,
- des sentiments négatifs ou cyniques liés au travail,
- une efficacité professionnelle réduite.
Au début : le burn out démarre sans que la personne atteinte en soit consciente par un sur-engagement dans son activité professionnelle au cours duquel la personne se sent épanouie. Au fil des mois ou années, cette suractivité commence à déborder sur la vie familiale et sociale. Une anxiété se manifeste aggravée par la crainte de ne plus être aussi efficace et performant. Les premières failles surgissent et la peur de mal faire est compensée par la volonté de travailler encore davantage. Plusieurs années s'écoulent en général avant que l'effondrement ne survienne qui se manifeste parfois par la survenue brutale, un matin de l'impossibilité de se lever pour aller travailler mais également par des signes de dépression.
Peuvent alors survenir :
- de l'irritabilité,
- des troubles du sommeil,
- des oublis
- un sentiment de dévalorisation.
- l'impression d'être "vidée", de ne plus réussir à recharger ses batteries
- une grande fatigue à l'idée d'aller travailler qui ne disparaît pas pendant les périodes de repos, week-end et vacances.
Les personnes deviennent petit à petit détachées, négatives et indifférentes. S'observe alors une baisse de considération positive vis-à-vis des personnes côtoyées dans la vie professionnelle qui peut déborder dans la vie sociale et personnelle. "Elles ont l'impression d'être comme un citron pressé", compare le docteur Kamami. Selon lui, "tant que l'on conserve un intérêt pour sa vie privée, pour ses proches, pour sa famille, ça va encore. Mais attention à l'étape suivante, lorsque ça déborde sur la vie privée. Les gens se ferment totalement : ils se coupent de leurs relations, de leurs activités... Ils ne font plus rien, à part dormir. La vie privée n'existe plus. A ce moment-là, il faut réagir, ce sont les symptômes du burn-out."
Qui peut faire un burn out ?
"Tout le monde peut être concerné par l'épuisement professionnel, quel que soit son métier et son secteur d'activité, certains facteurs de risque sont communs à de nombreuses situations de travail : la surcharge de travail, la perte de sens, l'isolement et les réorganisations successives" précise la psychologue Magali Manzano. "Les femmes sont particulièrement touchées par le burn-out", précise le Dr Kamani. De plus en plus impliquées professionnellement, elles doivent gérer vie professionnelle et en même temps les soucis de la vie familiale.
Comment savoir si je fais un burn out ?
Le médecin questionne les symptômes et la situation au travail du patient. Un bilan psychologique est impératif pour mettre en place un traitement médical et un suivi psychologique, après qu'un bilan sanguin ait éliminé toute infection expliquant la fatigue.
► Le test MBI, Maslach Burnout Inventory a été établi en 1986. Il explore trois versants l'épuisement, la dépersonnalisation et l'accomplissement personnel. Le test CBI, Copenhagen Burnout Inventory s'intéresse à l'épuisement personnel, l'épuisement professionnel et l'épuisement relationnel. Ce sont deux échelles d'auto-évaluation. Si leurs résultats n'ont pas de valeur de diagnostics médicaux, ils peuvent renseigner sur l'opportunité de rechercher une aide médicale ou psychologique.
Comment sortir d'un burn out ?
La prise en charge du burn out doit s'organiser en plusieurs étapes : repos (arrêt maladie, médecin généraliste), reconstruction identitaire (thérapie), accompagnement à un nouveau projet professionnel (psychologue du travail), aide à la reprise du travail (médecin du travail). Les modalités de prise en charge et de traitement sont évaluées au cas par cas, selon la gravité des symptômes.
► S'arrêter. La première étape du traitement consiste à prescrire un arrêt de travail. Ce dernier dure aussi longtemps que nécessaire : il est indispensable pour enclencher le processus de guérison. Le patient a besoin de repos.
► Se faire aider. La prise en charge du burn out implique une psychothérapie assurée par un psychologue clinicien du travail.
► Apprendre à se relaxer pour réduire le stress et l'anxiété. "Lorsqu'on est à bout de souffle, il faut savoir se recentrer et se concentrer sur son souffle et sur le moment présent. Il s'agit de respirer profondément : inspirer puis vider ses poumons lentement en écoutant le bruit de sa propre respiration." Il faut essayer au moins une ou deux fois et plus on le fait, plus ça devient simple de rentrer en méditation, explique le médecin. D'ailleurs, il n'est pas nécessaire d'être au calme pour méditer : on peut le faire au travail, dans sa voiture pendant un embouteillage, dans les transports en commun, dans la file d'attente d'un supermarché, etc. "La méditation pratiquée régulièrement, de façon répétée, encore et encore, ne serait-ce que quelques minutes par jour, devient rapidement une discipline qui aide à mieux nourrir et restaurer le corps et l'esprit, à mieux se comprendre soi-même et à découvrir ses propres ressources intérieures, à mieux accepter ses limites", décrit le Dr Kamami. Des cures de thalassothérapie et d'hydrothérapie peuvent également s'avérer efficaces.
► Mettre en place des couvertures de protection pour ne plus "subir" tout au long d'une journée. Le Docteur Yves-Victor Kamami conseille ainsi d'appliquer les principes de la psychologie positive qui s'apparente un peu à la méthode Coué. Aussi, l'un des exercices habituellement recommandés consiste à se rappeler avant le coucher, trois bons moments de la journée. Il s'agit de se souvenir des détails, de retrouver les émotions éprouvées et de les savourer à nouveau. Un compliment, un sourire, une gourmandise, une blague... Autre astuce : sourire ! "Sourire apaise, permet de mieux savourer les belles choses de l'existence et rend de meilleure humeur, plus agréable, plus positif, sans compter qu'il s'avère contagieux pour l'entourage" décrit le médecin.
► Se (re)mettre au sport. La pratique régulière d'un sport décharge le stress et redonne confiance en soi, au même titre que le repos ou la relaxation. Il faut choisir ce qui nous fait envie : sport collectif, individuel, exercices à pratiquer chez soi ou à l'extérieur, etc. En complément, on privilégie une alimentation équilibrée.
La prévention du burn out passe par un repérage précoce des signes avant-coureurs
► Des anxiolytiques et antidépresseurs si nécessaire. Cette prescription n'est pas systématique pour traiter un burn out. Elle peut être envisagée dans les situations les plus graves, en association avec une psychothérapie.
► Un retour progressif au travail. Le retour au travail est envisagé de manière progressive, après une consultation de pré-reprise avec le médecin du travail. Pour être effectuée dans les meilleures conditions, la reprise du travail doit être organisée en collaboration avec l'entreprise : modification du cadre de travail, réorientation de l'activité, réaménagement de l'organisation, définition de nouveaux projets, etc.
Comment éviter le burn out ?
La prévention du burn out passe par un repérage précoce des signes avant-coureurs et la mise en place d'une organisation du travail adaptée (régulation de la charge de travail, sens et reconnaissance). Elle est essentielle pour éviter une aggravation des symptômes et d'éventuelles conséquences dramatiques.
Merci à Magali Manzano, psychologue du travail en service de santé au travail et Chargée de mission "santé au travail" au sein de la Fédération Française des Psychologues et de Psychologie (FFPP), pour sa validation médicale. Et au Dr Yves-Victor Kamami, auteur du livre "Comment éviter le burn-out" aux éditions du Dauphin.