Cœur artificiel Carmat : le 2e patient greffé est décédé
L’homme de 68 ans aura vécu 9 mois avec un cœur artificiel. Il est décédé samedi, à la suite d’une insuffisance circulatoire. Mais la société qui commercialise cette prothèse innovante demeure confiante. Le point.
Il avait quitté le CHU de Nantes au début du mois de janvier dernier. Les mois suivants, les médecins s’étaient montrés optimistes, quant à l'état de santé de ce deuxième patient greffé dont le coeur malade avait été remplacé par un coeur prothétique. Le Pr Alain Carpentier, le père de cette prothèse innovante et également le co-fondateur de la société Carmat, qui la commercialise, évoquait un "miracle" et ne cachait pas son émotion : "Cinq mois après son opération, j’ai découvert un homme qui marche mieux que moi ! […] Il a enfourché son vélo d’appartement pour me surprendre", avait-il alors confié au Parisien.
Implanté le 5 août dernier, cet homme âgé de 68 ans, aura donc vécu une vie quasi normale pendant exactement 9 mois. Soit plus que le premier patient greffé avec le même type de prothèse et décédé seulement 75 jours après l’intervention, qui s'était déroulée à l’hôpital européen Georges Pompidou à Paris. Il faut dire que pour cette deuxième opération, les médecins, tirant des leçons du premier échec, avaient "choisi un malade plus jeune, aux fonctions rénales et hépatiques encore peu atteintes, et avec une bonne fonction pulmonaire", selon le Pr Carpentier. Des "ajustements" avaient par ailleurs été effectués sur le fonctionnement de la prothèse.
Cette fois-ci, la communication du décès n’a pas été faite par l’hôpital où le patient a été greffé, mais par la société Carmat elle-même. "Le deuxième patient, implanté d'une prothèse Carmat au CHU de Nantes le 5 août 2014, a été hospitalisé à Nantes vendredi 1er mai dans la soirée à la suite d'une insuffisance circulatoire", peut-on lire dans le communiqué. En d’autres termes, la prothèse, qui fonctionnait bien jusqu’alors, n’était plus à même d’assurer son rôle de pompe cardiaque. Après que l'équipe médico-chirurgicale ait constaté ce dysfonctionnement de la prothèse, le patient a alors été mis sous assistance cardio-respiratoire en unité de soins intensifs. "Le samedi 2 mai, il a été décidé d'implanter chez le patient une nouvelle prothèse Carmat", poursuit le communiqué. "L'opération a été menée à son terme et la circulation sanguine a été rétablie. Malgré les efforts réalisés, des complications poly-viscérales post opératoires se sont installées, et le patient est décédé samedi 2 mai en fin d'après-midi."
Echec ou réussite ? Alors qu’un troisième patient a été implanté par une équipe de l’hôpital Georges Pompidou à la mi-avril dernier, on peut se demander si ce deuxième décès remet en cause la suite de l’expérimentation de la prothèse. Il est trop tôt pour le dire. La société Carmat, en tout cas, assure rester "résolument confiante dans la capacité de la prothèse" et "renouvelle l'engagement total de ses équipes en ce sens", a déclaré Marcello Conviti, son Directeur Général.
Pour l’heure, une quatrième opération est nécessaire sur un patient souffrant d’insuffisance cardiaque grave en phase terminale, avant d’aller plus loin. Rappelons en effet que ces expérimentations sont effectuées dans le cadre d’un essai clinique, qui vise à évaluer la survie à 30 jours des quatre malades greffés. Une fois cette étude de faisabilité terminée, la Haute autorité de santé (HAS) examinera les résultats et donnera, ou pas, son aval pour une deuxième phase. Celle-ci consistera à implanter la bioprothèse chez 20 à 25 nouveaux patients en France et/ou à l’étranger, afin d’évaluer plus finement son efficacité, notamment en termes de qualité de vie et de confort pour le patient.
Sans surprise, le titre de Carmat était suspendu mardi matin en Bourse de Paris. Comme toutes les sociétés en phase d'innovation, le cours de Carmat est sujet à de fortes fluctuations. En janvier dernier, l’annonce du retour chez lui du patient greffé avait au contraire été bien accueillie à la Bourse de Paris : l’action s’est envolée.