"L'infarctus peut ne provoquer aucun symptôme"
L'infarctus du myocarde est un accident cardiovasculaire qui nécessite une prise en charge en urgence. C'est pourquoi il est important de savoir le reconnaître. Le Pr Claude Le Feuvre, cardiologue à la Pitié-Salpêtrière et président de la Fédération française de cardiologie, nous en décrit les symptômes et nous donne les bons réflexes.
L'infarctus du myocarde est-il toujours accompagné de symptômes ?
Non, il est asymptomatique dans 30 % des cas chez les personnes diabétiques et un peu moins chez les non diabétiques. On peut s'apercevoir qu'une personne a eu un infarctus plusieurs mois ou années plus tard seulement, à l'occasion d'un examen du cœur.
Quels sont les symptômes qui peuvent apparaître ?
Lorsque l'infarctus du myocarde donne des signaux d'alerte, le symptôme le plus fréquent est une douleur rétro-sternale, c'est-à-dire se manifestant derrière le sternum, dans la cage thoracique. La personne a l'impression d'être enserrée au niveau de la poitrine et la douleur peut irradier dans les bras et la mâchoire. Lorsque la douleur dans le thorax ne passe pas au bout de 15 minutes ou avec la prise de trinitrine, un médicament de l'angine de poitrine, il peut s'agir d'un infarctus. Chez les femmes et les personnes âgées en particulier, on peut aussi observer un état de malaise, avec de la fatigue, des sueurs et une vague gêne dans la poitrine.
On pense souvent que l'infarctus provoque une douleur dans le bras gauche, est-ce vrai ?
Oui, la douleur thoracique peut irradier dans le bras. Parfois même la douleur peut être ressentie uniquement dans le bras. Toutefois, toutes les douleurs dans le bras ne sont pas dues à un infarctus.
Existe-t-il des "signes avant-coureurs" de l'infarctus ?
Oui, si une douleur thoracique apparaît à l'effort, que ce soit durant une séance de sport ou simplement en montant des escaliers, lors d'une activité du quotidien. Si c'est le cas, il faut consulter.
Comment différencier l'infarctus de l'angine de poitrine ?
Les manifestations de l'angine de poitrine sont semblables à celles de l'infarctus. Toutefois, elles ne durent pas au-delà de 15 minutes et elles disparaissent en moins de deux minutes avec la prise de trinitrine, un médicament qui dilate les artères du coeur. L'angine de poitrine est due à un rétrécissement des artères coronaires et un apport insuffisant en oxygène. L'infarctus est la "mort" d'une partie du cœur.
Les femmes sont-elles moins sujettes aux infarctus que les hommes ?
Les femmes sont en quelque sorte "protégées" des troubles cardiovasculaires par leurs hormones. Mais cet effet était surtout observé autrefois, lorsqu'elles étaient moins nombreuses à fumer. Le tabagisme, l'excès de poids, le cholestérol et le diabète des femmes pèsent lourd dans la balance et la protection des hormones féminines ne suffit plus. De ce fait, les maladies cardiaques sont aujourd'hui la première cause de mortalité chez les femmes.
Comment réagir face à ces symptômes ?
Que l'on ressente soi-même les symptômes ou qu'une personne de notre entourage les ressente, les gestes sont les mêmes. La personne souffrante doit être mise au repos et il faut appeler le 15 (Samu) en urgence. La rapidité de la prise en charge est essentielle, c'est pourquoi il est important de réagir vite. L'idéal étant bien sûr de prévenir l'infarctus en évitant ses facteurs de risque tels que le tabagisme, l'hypercholestérolémie, l'hypertension artérielle, le diabète, le manque d'activité physique, etc.
Pour en savoir plus : Site de la Fédération française de cardiologie.