Troubles bipolaires : le diagnostic précoce réduit les complications

Il s'écoule en moyenne 10 ans entre l'apparition des troubles bipolaires et la mise en place d'un traitement. Pour améliorer leur diagnostic et leur prise en charge, la Haute autorité de santé publie des recommandations.

Troubles bipolaires : le diagnostic précoce réduit les complications
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Des jours "avec" et des jours "sans", nous en connaissons tous. Le trouble bipolaire est bien plus que cela. C'est une vraie pathologie psychiatrique, définie par une alternance d'épisodes maniaques (agitation, euphorie, confiance en soi exacerbée, projets irréalistes, etc.) et d'épisodes dépressifs (pouvant mener à des idées suicidaires), entre-coupés par des périodes calmes, dites "de rémission". 

Une prise en charge médicale adaptée et tout au long de la vie est donc indispensable. Mais le problème, c'est que cette pathologie qui débute généralement chez l'adolescent ou le jeune adulte, est difficile à diagnostiquer. En effet, il s'écoule en moyenne 10 ans entre son apparition et la mise en place d'un traitement. Car le diagnostic est complexe, et ce pour différentes raisons. D'abord, les différents types d’épisodes ne se manifestent pas de manière équivalente : "les épisodes dépressifs sont prédominants et plus nombreux tandis que les épisodes de manie - et surtout d’hypomanie -  peuvent passer inaperçus pour le médecin comme pour le patient qui les subit", explique ainsi la Haute autorité de santé (HAS) qui publie des recommandations à destination des médecins traitants. En outre, il s’agit également d’une maladie "qui débute précocement et qui peut être associée à d’autres pathologies psychiatriques (addictions, troubles anxieux, troubles des conduites, etc.) ou être confondue avec une schizophrénie, par exemple", développe-t-elle encore. Au-delà des risques médicaux, associés à la maladie, comme le suicide et les hospitalisations, c'est la vie sociale, familiale ou encore professionnelle qui est fortement impactée en l'absence de prise en charge.

Y penser aussi chez les ados. Plus un diagnostic est précoce, plus le patient a de chance d’éviter les complications liées à la maladie (suicide, addictions, etc.). Aussi, pour aider les médecins traitants à mieux dépister le trouble bipolaire, et surtout au plus tôt, la HAS recommande de toujours y penser face à une personne souffrant de trouble dépressif, en particulier avant 25 ans. La pathologie débute en effet majoritairement en fin d'adolescence, entre 15 et 19 ans. "Même si à cet âge les variations d’humeur peuvent être courantes et non pathologiques, il faut être attentif aux changements de comportements en rupture avec le fonctionnement habituel de l’adolescent (repli sur soi, décrochage scolaire, conduites à risque, prises de substances psychoactives,…), explique la HAS. Par ailleurs, "devant une tentative de suicide d’un adolescent ou d’un adulte jeune, il est impératif de rechercher un trouble bipolaire", ajoute-t-elle.

D'autres signes doivent également alerter le médecin. Des épisodes survenus dans le passé : antécédents maniaques, changement brutal dans le fonctionnement psychique, symptômes dépressifs atypiques, tentatives de suicides répétées ou encore une réaction anormale à un traitement antidépresseur, etc. Mais aussi la présence d'antécédents familiaux de trouble bipolaire.

Développer les réseaux entre généralistes et psychiatres. En parallèle du dépistage, la HAS estime qu'une meilleure collaboration entre médecins permettrait d'améliorer la prise en charge des patients bipolaires. Aussi, préconise-t-elle de favoriser la transmission d'informations entre le médecin traitant et le psychiatre lorsqu'un trouble bipolaire est suspecté. Le psychiatre est en effet le plus à même de prescrire un traitement adapté et de mettre en place un suivi. "La collaboration entre le médecin traitant et le psychiatre est primordiale à chaque étape, commente la HAS. Il est également conseillé d’associer les proches, au moment du diagnostic comme lors du suivi, ainsi que les autres professionnels de santé en contact avec le patient."

Le trouble bipolaire est l’une des pathologies psychiatriques les plus graves, qui conduit à des tentatives de suicide : 1 malade sur 2 fera au moins une tentative de suicide dans sa vie et 15 % décéderont par suicide. En France, on estime qu’entre 1 et 2,5 % de la population est touchée par ce trouble, soit environ 1,5 million de personnes, mais ce chiffre serait sous-évalué. 40 % des dépressifs seraient des bipolaires qui s’ignorent !