La France parmi les plus gros consommateurs d'alcool selon l'OCDE
Selon un récent rapport de l’OCDE, la France consomme plus de 100 bouteilles de vin par an et par habitant. Un constat inquiétant en terme de santé publique.
Vous en reprendrez bien un petit verre ? Parmi les 34 pays que compte l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), la France figure dans les plus gros consommateurs d’alcool selon un rapport publié par cette organisation le 12 mai 2015. Notre pays consommerait en effet près de 12 litres d’alcool pur par an et par habitant contre 9,1 en moyenne dans les autres pays de l'OCDE. Ce dernier chiffre correspond environ à 100 bouteilles de vin par an et par habitants. Bien que la consommation d’alcool ait globalement diminué sur les 30 dernières années, elle est en hausse chez les jeunes et chez les femmes. Le rapport de l’OCDE explique cette augmentation par le fait que les boissons alcoolisées sont aujourd’hui plus facilement disponibles et accessibles financièrement et qu’elles font l’objet de campagnes de publicité efficaces.
Plus les femmes sont éduquées, plus elles boivent. Ce rapport dévoile aussi que la moitié de la quantité d’alcool consommée en France est imputable aux 20 % de la population qui boit le plus. Par ailleurs, si les femmes sont aujourd’hui plus concernées qui y a 30 ans, leur consommation dépend de leur situation socio-professionnelle : ainsi, les femmes ayant un niveau d’éducation élevé ont deux fois plus de risque d’avoir une consommation excessive d’alcool que celles qui ont un niveau d’éducation faible.
Vers une banalisation du "binge drinking". Chez les jeunes, la consommation à risque est particulièrement présente. En effet, ce rapport fait écho à l’enquête menée par l’Institut de prévention pour la santé (Inpes) publiée en avril dernier selon laquelle les adolescents étaient de plus à plus nombreux à exprimer des comportements à risque en pratiquant le "binge drinking" : boire plus et plus vite pour atteindre rapidement une forte ivresse. Et cela pour des âges précoces : selon l’OCDE, la proportion de jeunes de moins de 15 ans ayant déjà été en état d’ébriété s’est accentué dans les années 2000. Ainsi, elle serait passée de 30 à 43 % chez les garçons et de 26 à 41 % chez les filles.
Une question de santé publique. Aujourd’hui, l’alcool cause plus de morts par an que le Sida, la violence et la tuberculose réunis. De plus, entre 1990 et 2010, la consommation d’alcool est passée du huitième au cinquième rang des principales causes de décès et d’invalidité dans le monde. Outre cet aspect humain, "le coût pour la société et pour l’économie d’une consommation excessive d’alcool est massif dans le monde" a déclaré Angel Gurria, Secrétaire général de l’OCDE lors de la présentation de ce rapport le 12 mai 2015 à Paris.
Quatre mesures concrètes. Principales conséquences d’une consommation à risque : les accidents de la route, les violences domestiques et une charge élevée de soins médicaux. Pour réduire ces dommages, l’OCDE recommande aux gouvernements quatre mesures : augmenter le prix de l’alcool (en alourdissant les taxes et en imposant un prix minimum), mieux réguler les publicités pour l’alcool, améliorer le traitement des problèmes d’alcoolisme par des professionnels de la santé, et renforcer les contrôles visant l’alcool au volant. En effet, une analyse de l’impact des politiques accrues de prévention de l’alcoolisme au Canada, en République Tchèque et en Allemagne montre que de telles mesures peuvent réduire la surconsommation et la dépendance à l’alcool de 10 %. En France, le projet de la loi Santé prévoit de sanctionner par 15 000 euros d'amende et jusqu'à un an d'emprisonnement toute personne qui inciterait les jeunes à s'alcooliser.
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