Les antidépresseurs en 10 vrai / faux
L'Académie de médecine vient de publier un rapport sur les antidépresseurs. L'occasion de faire le point sur ces médicaments dont usent et abusent les Français.
L'efficacité des antidépresseurs ne fait aucun doute. Pourtant, ces molécules font l'objet d'une défiance, souvent non justifiée, qui retarde le repérage des troubles dépressifs et leur prise en charge.
Antidépresseurs et anxiolytiques, c'est pareil ?
Faux. Il y a une confusion entre deux grandes familles de psychotropes : les antidépresseurs qui aident à soigner la dépression et les anxiolytiques dont le rôle est de calmer les angoisses à court terme.
C'est d'ailleurs la consommation de ces derniers qui est particulièrement abusive dans notre pays : la France en est le premier pays consommateur au monde. Et si un Français sur cinq prend des antidépresseurs, il semble que leur prescription n'est pas toujours adaptée. "Mieux prescrire les antidépresseurs repose sur un meilleur repérage des symptômes justifiant le diagnostic d'épisode dépressif ou de trouble anxieux", énonce l'Académie de médecine dans son rapport.
Les antidépresseurs rendent accro ?
Faux. S'il est vrai qu'il est difficile de se sevrer des anxiolytiques, l'arrêt des antidépresseurs pose moins de problème. De fait, les médicaments antidépresseurs ne créent pas de dépendance physique. Toutefois, il peut être difficile d'envisager d'arrêter de prendre un antidépresseur, surtout après une longue période de traitement. Dans tous les cas, l'arrêt doit être progressif et préparé avec le médecin.
On peut soigner une dépression sans antidépresseurs ?
Faux. En cas de dépression réelle et diagnostiquée, les antidépresseurs sont indispensables. C'est une perte de chance terrible de ne pas y avoir recourt.
Il ne faut pas prendre d'antidépresseurs sur une trop longue durée ?
Faux. La durée de traitement médicamenteux d'un épisode dépressif ne peut être inférieure à 4 mois. Certains états mentaux pathologiques chroniques (dépression chronique, troubles obsessionnel-compulsifs, troubles anxieux, etc.) imposent même une prescription au long cours de ce type de médicaments. Des ruptures de stock de certains d'entre eux se sont d'ailleurs produites récemment, explique l'Académie de médecine, ce qui n'est pas sans poser des difficultés pour les patients. "La non-disponibilité de certains médicaments en officine devrait être prévenue par des actions adéquates des autorités de santé auprès des industriels concernés", alerte l'Académie de médecine.
Les antidépresseurs provoquent de nombreux effets secondaires ?
Vrai et faux. Comme tout médicament, les antidépresseurs peuvent avoir des effets indésirables. Par exemple : une somnolence, une constipation, la prise ou la perte de poids, une sécheresse de la bouche, des baisses de tension, des difficultés sexuelles... Ces effets indésirables évoqués par le médecin et inscrits sur la notice du médicament ne surviennent pas chez tous les patients et ne sont pas tous obligatoirement présents chez une même personne. De plus, un grand nombre de ces effets vont disparaître avec la poursuite du traitement. Quoi qu'il en soit, lorsqu'ils sont très désagréables, il faut aborder avec son médecin l'éventualité d'un changement d'antidépresseur.
Les antidépresseurs peuvent conduire au suicide ?
Vrai et faux. Le rapport de l'Académie de médecine confirme que les antidépresseurs peuvent avoir un effet déclencheur de conduites suicidaires. Cependant, il faut savoir que plus un pays prescrit des antidépresseurs, moins le taux de suicide est élevé. De plus, l'OMS estime que 5 à 20 % des patients déprimés se suicident. Et selon une étude qui a suivi les patients déprimés pendant 5 ans, les tentatives de suicide étaient multipliées par 20 en cas d'épisode dépressif par rapport à la rémission complète. On estime de plus que seulement 25 % des patients déprimés reçoivent un traitement adéquat pour leur dépression et la majorité des déprimés qui se sont suicidés ne recevaient pas d'antidépresseurs. "Bien prescrits, les antidépresseurs ont un effet anti-suicidaire, résume l'Académie de médecine. Cependant la mise en route d'un traitement doit se faire après évaluation des facteurs de risque de conduite suicidaire", précise-t-elle encore.
La tristesse, le symptôme de la dépression ?
Vrai. Il s'agit d'une forte tristesse qui peut envahir sans raison apparente et qui handicape les personnes déprimées quotidiennement, affectant par exemple leurs relations aux autres. Manque de motivation, manque d'enthousiasme, manque d'énergie, sentiment d'échec sont également associés à la dépression.
Les femmes enceintes ne doivent pas prendre d'antidépresseurs ?
Vrai et faux. La prise d'antidépresseurs pendant la grossesse fait débat depuis plusieurs années. Selon certaines études, les antidépresseurs peuvent augmenter le risque de naissance prématurée. D'un autre coté, les conséquences de la dépression de la mère sont à prendre compte dans le développement psychique de l'enfant.
Il ne faut pas arrêter brutalement un antidépresseur ?
Vrai. L'arrêt brutal d'un traitement antidépresseur peut provoquer des symptômes (nausées, vertiges, cauchemars, irritabilité...). C'est pourquoi, il faut toujours se référer aux indications du médecin. Dans tous les cas, l'arrêt doit être progressif, généralement sur quelques semaines.
Seul le psychiatre peut prescrire des antidépresseurs ?
Faux. Le généraliste est habilité à prescrire des antidépresseurs, même s'il arrive que celui-ci oriente son patient vers un psychiatre. En effet, repérer la symptomatologie et prendre les bonnes décisions thérapeutiques, savoir prescrire ou ne pas prescrire un antidépresseur, exige une formation spécifique qui n'est pas suffisamment dispensée actuellement. Par ailleurs, la prescription de ces médicaments ne peut se faire que par un spécialiste chez les moins de 18 ans.
A savoir : les antidépresseurs sont uniquement réservés aux vraies dépressions, donc diagnostiquées par un médecin. Ils ne sont pas adaptés pour faire face à une petite déprime passagère. De plus, les antidépresseurs sont très efficaces pour soulager les symptômes de la dépression, ce ne sont pas pour autant des "pilules magiques". Il est souhaitable de suivre en parallèle une psychothérapie afin d'en soigner également les causes.