Pesticides, phtalates : que contiennent vraiment nos tampons et serviettes ?

Un essai clinique mené par 60 Millions de consommateur met de nouveau en évidence la présence de substances indésirables - pesticides, dioxines ou encore phtalates - dans les tampons et serviettes hygiéniques. De quoi relancer la polémique autour de la composition des protections périodiques. Explications.

Pesticides, phtalates : que contiennent vraiment nos tampons et serviettes ?
© Yulia Grogoryeva - 123RF

[Mis à jour le 21/02/19] Pesticides, dioxines, phtalates... Que contiennent vraiment nos protections périodiques ? Un nouvel essai clinique mené par 60 millions de consommateurs (février 2019) pointe du doigt la composition parfois douteuse des produits intimes. Au total, 15 références, bio ou non, ont été analysées. Résultats : "des traces de pesticides (glyphosate et/ou d'un de ses dérivés) et de dioxines" ont été retrouvées dans les tampons et serviettes. Par ailleurs, la présence de phtalates, produits chimiques dérivés de l'acide phtalique, a été mise en évidence dans certaines protections féminines (protège-slips, tampons, serviettes). Problème : certains phtalates, considérés comme des perturbateurs endocriniens, sont suspectés d'altérer la fertilité, selon la réglementation Reach (un règlement de l'Union européenne adopté pour mieux protéger la santé humaine contre les risques liés aux substances chimiques). Or, ces protections périodiques sont directement en contact avec notre vagin ou notre vulve. Enfin, les coupes menstruelles (ou cup) sont également pointées du doigt. Présentées comme une alternative saine aux tampons et aux serviettes hygiéniques, les utiliser n'éviterait toutefois pas le risque du syndrome du choc toxique

Manque de transparence sur la composition des tampons. Ce nouveau test relance la polémique autour de la composition des tampons en France. 60 millions de consommateurs déplore en effet le manque de transparence de la part des fabricants concernant la composition de leurs produits. Elle espère également que des études scientifiques soient rapidement mis en place pour déterminer les risques liés aux perturbateurs endocriniens. Autre initiative : dans une pétition en ligne, qui a recueilli plus de 300 000 soutiens, et consultable sur le site change.org, la jeune Mélanie Doerflinger interpelle Tampax afin d'obtenir davantage de transparence quant à la composition des serviettes et tampons hygiéniques. En effet, ni les emballages des protections périodiques, ni leurs notices, ne la précisent. Aucune norme n'oblige en effet les entreprises qui les commercialisent à le faire. La seule chose que l'on sait, c'est que les tampons sont censés être en coton. Le docteur Anne Tristan, codirectrice du Centre national de référence staphylocoques, que nous avions interrogée, nous avait confirmé ne pas connaitre la composition des tampons et s'étonnait de ce flou. "Pourquoi n'aurait-on pas accès aux composants des tampons, alors qu'on sait par exemple de quoi sont faits les mouchoirs en papier ?". 

Des substances indésirables mis en évidence depuis longtemps !

En 2015 déjà, des chercheurs argentins de l'Université de La Plata, ont analysé la composition d'échantillons de coton brut et de gaze, utilisés dans la fabrication des serviettes et tampons. Résultats : 85% des tampons et serviettes hygiéniques contiendraient des traces d’un puissant herbicide, le glyphosate. Les chercheurs ont présenté les résultats de leurs recherches à l'occasion du troisième Congrès national des peuples contaminés (pueblos fumigados) qui s'est tenu en octobre 2015 à Buenos Aires. Le glyphosate, est classé "cancérigène probable" par l’OMS et constitue le principe actif de l’herbicide commercialisé par la firme Monsanto sous le nom de Roundup. En effet, la quasi-totalité de la production de coton argentin est génétiquement modifié. Par ailleurs, avant l’été 2015, l’amputation de la jambe d’un mannequin américain à la suite d’un Syndrome du Choc Toxique (SCT) causé par un tampon avait fait beaucoup de bruit. Même si ce syndrome est parfaitement connu du milieu médical et qu’un avertissement figure sur les notices ou boîtes de tampons périodiques, l’affaire avait révélé un sérieux manque d’information. 

Découvrez la totalité des résultats de cet essai comparatif dans le numéro de mars 2019 de 60 Millions de consommateurs ou sur le site internet