Recherche sur les embryons : une question d'éthique ?

Elle est interdite en France mais la loi actuelle reste ambiguë, des dérogations pouvant être acceptées. Le point sur la recherche sur les embryons et les questions éthiques qu'elle suscite.

Recherche sur les embryons : une question d'éthique ?
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L'enjeu de la recherche sur l'embryon est de pouvoir étudier les cellules souches embryonnaire, à l'immense potentiel thérapeutique. Ces cellules présentent, en effet, la caractéristique d'être pluripotentes, ce qui signifie qu'elles peuvent se transformer en tout type de cellules du corps humain (sanguines, nerveuses, musculaires...). Elles sont ainsi capables de se différencier en plus de 200 tissus différents. L'intérêt de leur étude ? Comprendre les mécanismes qui régissent ces évolutions et ouvrir des perspectives pour traiter certaines maladies graves telles que la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques. On parle alors de "médecine régénérative" permettant de créer des tissus vivants fonctionnels pour remplacer certains organes endommagés. Ces cellules sont dites "souches", car à l'origine des autres, et pouvant se multiplier indéfiniment sans se modifier. Une particularité qui en fait un outil scientifique incontestable.
Seulement, les cellules souches embryonnaires proviennent d'embryons humains à leurs premiers stades de développement (5 à 7 jours), ce qui soulève de nombreuses interrogations, notamment d'ordre éthique. Elles sont en effet obtenues à partir d'embryons surnuméraires, soit issus d'une Fécondation In Vitro (FIV) dans le cadre d'une Procréation Médicalement Assistée (PMA ou AMP) pour un couple stérile, soit porteurs de maladies génétiques graves destinés à être détruits. Quand il s'agit d'une FIV, tous les embryons ne peuvent être placés dans l'utérus de la femme pour conduire à une grossesse, certains sont alors congelés. Lorsque le couple n'a plus de projet parental, il peut donner son accord pour que les embryons ainsi conservés fassent l'objet de recherches : les cellules sont mises en culture afin d'obtenir des lignées.
En France, la loi interdit la recherche sur l'embryon humain depuis 2004. Seule l'Agence de biomédecine est habilitée à délivrer des autorisations de protocoles de recherche sur les CSEh, après en avoir étudié la pertinence et la conformité scientifique. Plus de 70 projets ont été accrédités à titre dérogatoire depuis 2005, dont 2 qui pourraient déboucher sur des essais cliniques, selon l'Agence. En face, les chercheurs se disent favorables à une révision de la loi. "Les cellules souches embryonnaires humaines sont des outils qui permettraient des avancées médicales considérables", insiste le Dr John de Vos, responsable de l'unité thérapie cellulaire au CHU de Montpelier, qui rappelle par ailleurs que les embryons susceptibles de faire l'objet de recherche sont, dans tous les cas, voués à être détruits.

Une alternative aux cellules souches embryonnaires

Les cellules souches pluripotentes induites (IPS) apparaissent comme une alternative encourageante pour contourner les problèmes éthiques sous-tendus. Obtenues à partir de cellules humaines différenciées adultes reprogrammées génétiquement (modification au niveau du noyau), elles partagent les propriétés des cellules souches embryonnaires, à savoir leur pluripotence. Ces cellules adultes proviennent alors de tissus différenciés qui se renouvellent. Une découverte qui aura valu le prix Nobel de médecine à deux chercheurs en 2012. Ces cellules sont d'ores et déjà utilisées, notamment pour le traitement de certaines maladies graves de sang. Les potentialités thérapeutiques des cellules souches adultes font toutefois encore l'objet de recherches.

Source : 3e édition des Journée de l'Agence de la biomédecine, 30-31 mai 2013.