Inhibiteur de l'enzyme de conversion : liste, action, indications

Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC) sont massivement utilisés dans les pathologies cardiovasculaires. Des dizaines de millions de personnes sont traitées par ces médicaments. Quand sont-ils prescrits ? Comment agissent-ils ? Quels sont leurs effets sur l'organisme et leurs dangers ?

Inhibiteur de l'enzyme de conversion : liste, action, indications
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Définition : c'est quoi un inhibiteur de l'enzyme de conversion ?

Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (appelés aussi IEC) sont une famille de médicaments antihypertenseurs qui agissent sur le système rénine-angiotensine-aldostérone de l'organisme. Ils diminuent la pression artérielle et réduisent la quantité de protéines dans les urines. Ils sont couramment utilisés pour la prise en charge de pathologies cardiovasculaires (associées ou non à des atteintes rénales) et peuvent être prescrits seuls ou en association avec d'autres antihypertenseurs, tels que les diurétiques, les inhibiteurs calciques et les bêtabloquants. 

Quand prendre un inhibiteur de l'enzyme de conversion ?

Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion interviennent dans la prise en charge de plusieurs pathologies. Ils peuvent être indiqués dans le traitement de l'hypertension artérielle, dans le traitement ou la prévention de l'insuffisance cardiaque ainsi que dans la prise en charge de l'infarctus (et du post-infarctus), des maladies coronariennes et des complications rénales du diabète. Certains IEC comme le ramipril peuvent également être prescrits en vue de réduire la morbidité et la mortalité cardiovasculaires chez les patients à risque, ou encore lors de certaines affections rénales non diabétiques. Ces médicaments se prennent généralement une fois par jour, sauf exception (le captopril s'administre en 2 à 3 prises quotidiennes).

Quel est le mode d'action d'un inhibiteur de l'enzyme de conversion ?

Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion empêchent la conversion enzymatique de l'angiotensine I en angiotensine II, une hormone fabriquée par les reins qui permet d'augmenter la pression artérielle. La production de l'angiotensine II par l'organisme est consécutive à une baisse de la pression artérielle et à diverses réactions enzymatiques. Cette hormone entraîne plusieurs effets : une vasoconstriction, c'est-à-dire une constriction des parois des vaisseaux sanguins ; une sécrétion d'aldostérone, hormone régulant le sodium dans le sang ; ainsi qu'une sécrétion de vasopressine, hormone surrénalienne qui augmente le tonus des vaisseaux sanguins et qui diminue le volume des urines par rétention d'eau. Tous ces mécanismes ayant pour conséquence d'augmenter la pression artérielle sont ainsi bloqués par l'action des IEC. Les IEC augmentent par ailleurs les concentrations de bradykinine, une hormone vasodilatatrice. Ainsi, en bloquant la production de l'angiotensine II et en augmentant les taux de bradykinine, les inhibiteurs de l'enzyme de conversion ont une action anti-hypertensive tout en facilitant le travail du cœur. La plupart des IEC se présentent sous forme de prodrogues : ils doivent subir une première transformation par l'organisme après administration pour donner lieu à des métabolites actifs et pouvoir alors exercer leur action.

Liste : quels sont les principaux inhibiteurs de l'enzyme de conversion ?

Les principaux IEC utilisés sont le ramipril (Triatec®), le périndopril (Coversyl®), l'énalapril (Renitec®) ou encore le lisinopril (Zestril®). Toutefois, il existe au total en France une dizaine d'inhibiteurs de l'enzyme de conversion.

Quels sont les effets secondaires d'un inhibiteur de l'enzyme de conversion ?

Les effets indésirables les plus fréquents survenant lors de la prise des IEC sont une augmentation du taux de potassium dans le sang (hyperkaliémie), des maux de tête, des étourdissements, de l'hypotension (et notamment de l'hypotension orthostatique pouvant entraîner des chutes), de la toux sèche, des bronchites et des sinusites, des difficultés à respirer, des troubles gastro-intestinaux (inflammations, douleurs, diarrhées, nausées et vomissements), des éruptions cutanées (rash), des spasmes et des douleurs musculaires, des douleurs thoraciques et de la fatigue. D'autres effets moins fréquents peuvent également survenir comme des altérations rénales (insuffisance rénale aigue), hématologiques (neutropénie, thrombopénie) et fœtales (insuffisance rénale fœtale, chute de production du liquide amniotique, avec pronostic fœtal pouvant être engagé), ainsi que des réactions allergiques avec angiœdèmes voire œdème de Quincke pouvant être fatal.

Quelles sont les contre-indications d'un inhibiteur de l'enzyme de conversion ?

Les IEC sont contre-indiqués en cas d'allergie à l'un des constituants du médicament, de sténose bilatérale des artères rénales (diminution de l'apport sanguin aux reins), de rein fonctionnel unique, d'antécédent d'angiœdème ou de choc anaphylactique (démangeaisons, éruptions en plaques, gonflement des yeux et des lèvres, difficultés à respirer et avaler) ou encore en cas de pression artérielle anormalement basse (hypotension). Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion sont contre-indiqués à partir du 2ème trimestre de grossesse et sont déconseillés au cours du 1er trimestre. En raison de leur passage dans le lait maternel, ils ne doivent pas être pris pendant l'allaitement. Les IEC peuvent dans certains cas être proscrits en cas de dialyse. De même, certains médicaments ne sont pas compatibles avec les inhibiteurs de l'enzyme de conversion comme l'aliskiren, les sartans (antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II) ou certaines associations anti-hypertensives. D'autres médicaments augmentent le risque d'angiœdème tels que le racécadotril (Tiorfan®), les inhibiteurs de la DPP-IV (antidiabétiques), les traitements de désensibilisation allergique aux guêpes ou aux abeilles, les traitements anti-rejets de greffe et certains anticancéreux. Des précautions s'imposent lors d'une perte importante de sels (particulièrement de sodium) ou de liquide, comme par exemple après des vomissements, des diarrhées, un régime pauvre en sel ou la prise de diurétiques, en cas d'anesthésie ou encore lorsque les taux de potassium sanguins sont élevés. De manière générale, il faut être vigilant lors de la prise d'un IEC en cas de pathologie cardiaque, rénale ou hépatique.

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