Rage : cas en France, chien, symptômes de la maladie
Jeudi 27 octobre, l'Institut Pasteur a confirmé un cas de rage chez un chien de type croisé Husky détenu dans un refuge d'Évry-Courcouronnes dans l'Essonne. L'animal a mordu plusieurs personnes.

La rage est une maladie d'origine virale, causée par des virus de la famille des lyssavirus. Il s'agit d'une zoonose, c'est donc une maladie transmise à l'homme par l'animal mais qui ne se transmet pas entre les humains. La France est régulièrement confrontée à des cas de rage liés à des importations illégales d'animaux de compagnie en provenance de pays où la maladie reste endémique. Un cas avait été rapporté en Essonne (Ile-de-France) en octobre 2022. Pour prévenir l'introduction de la maladie et sa propagation, des moyens existent et des bons gestes sont à adopter.
Définition : qu'est-ce que la rage ?
La rage est une maladie d'origine virale, causée par des virus de la famille des lyssavirus. Il s'agit d'une zoonose, c'est donc une maladie transmise à l'homme par l'animal. La rage est responsable d'une encéphalite, une infection et une inflammation grave du cerveau. "La rage est presque toujours fatale une fois que les premiers symptômes sont apparus", ajoute le Dr. Perrine Parize, responsable adjointe du Centre national de référence de la rage à l'Institut Pasteur.
Y-a-t-il des cas de rage en France ?
La France est indemne de rage. "La rage du chien a été éradiquée au début du siècle dernier" informe le Dr. Perrine Parize, responsable adjointe du Centre national de référence de la rage à l'Institut Pasteur. Les cas de rage recensés en France proviennent tous d'animaux contaminés à l'étranger. La France est ainsi régulièrement confrontée à des cas de rage liés à des importations illégales d'animaux de compagnie en provenance de pays où la maladie reste endémique, informe le ministère de l'Agriculture. En octobre 2022, l'Institut Pasteur a confirmé un cas de rage chez un chien de type croisé Husky détenu dans un refuge d'Évry-Courcouronnes dans l'Essonne (91). L'animal a mordu plusieurs personnes qui ont été prises en charge par le centre antirabique de l'Institut Pasteur, qui leur a administré un traitement prophylactique post-exposition. Le chien aurait pu être importé illégalement du Maroc, pays où la rage circule à l'état endémique. En février 2020, un cas de rage avait été détecté chez un chiot ramené du Maroc via l'Espagne. "Tous les ans, plusieurs chauve-souris sont adressées dans notre laboratoire ou celui du Laboratoire de la faune sauvage et de la rage de Nancy (Anses) et sont diagnostiquées positives pour ces lyssavirus", ajoute-t-elle. Les situations à risque de transmission de la rage sur le territoire français sont donc les expositions (morsures, griffures, léchage de plaies ou de muqueuses) par une chauve-souris ou un animal importé illégalement (sans vaccination antirabique adéquate) d'un autre pays. La situation la plus à risque pour les ressortissants français est une exposition à un animal dans un pays où la rage des mammifères terrestres est encore présente (partout dans le monde sauf Europe de l'Ouest, Japon, Australie…) à l'occasion d'un voyage.
Quels sont les symptômes de la rage ?
Après contamination par un animal enragé, les premiers signes de la maladie surviennent en moyenne après une période de 1 à 2 mois qui correspond à la période d'incubation. Cette période est cependant variable et peut durer quelques jours seulement après la morsure ou plusieurs mois. La rage est responsable d'une encéphalite, c'est à dire une infection du système nerveux central. Les symptômes principaux sont :
- Des anomalies de la conscience avec modification du comportement, anxiété, agitation évoluant vers le coma.
- Des spasmes : une hydrophobie et/ou une aérophobie peuvent être observées (spasmes des muscles du cou à la vue de l'eau ou suite à l'exposition à de l'air). Ces spasmes sont incontrôlables et caractéristiques de la maladie. D'ailleurs, dans certains pays, la rage est appelée hydrophobia.
- Une dérégulation du système nerveux autonome : il commande la respiration, la digestion, la sudation, le rythme cardiaque, la tension... Les patients présentent alors des anomalies de la tension, des modifications de la fréquence cardiaque, des anomalies des pupilles, une hyper-salivation notamment. Ce signe est également très caractéristique dans la rage du chien.
"Après l'apparition des premiers symptômes l'évolution est rapide et le décès survient en quelques jours en général", précise Perrine Parize.
Comment se transmet la rage ?
L'OMS estime que 99 % des décès humains de rage sont liés à une morsure de chien. "La maladie est transmise à l'homme par contact direct avec un animal enragé (via sa salive), soit par morsure, soit par griffure, soit par léchage d'une plaie ou d'une muqueuse. La plupart des décès survient dans des pays où les chiens et certains mammifères sauvages peuvent être enragés, et où l'accès aux traitements préventifs de la maladie ne sont pas accessibles aux populations les plus vulnérables. L'Afrique et l'Asie supportent l'essentiel du poids de la mortalité humaine de rage", avance la spécialiste. "Il n'existe pas de risque de transmission de la rage de l'homme à l'homme en dehors de cas extrêmement rares de contaminations suite à des transplantations d'organes ou de tissus", précise la scientifique. La rage ne se transmet pas à l'occasion de caresses à l'animal.
Quels sont les tests diagnostics de la rage ?
Le diagnostic peut être réalisé chez l'animal si le vétérinaire suspecte cette maladie (chez un animal importé illégalement d'un pays où la rage circule encore chez les chiens par exemple). Chez l'homme, il n'existe pas de test diagnostic de la maladie avant l'apparition des symptômes d'encéphalite. En France, les diagnostics de rage sont souvent suspectés par les réanimateurs ou les infectiologues en milieu hospitalier. "La maladie est suspectée parce que les symptômes cliniques et l'histoire du patient sont évocateurs. A-t-il été exposé à des animaux par morsure ou griffure à l'étranger ou exposé à une chauve-souris ou à un animal importé illégalement en France ? Quand tous ces éléments sont réunis, le seul laboratoire en France habilité pour le diagnostic humain est le CNR de la rage à l'Institut Pasteur. Le diagnostic se fait par PCR sur des prélèvements de salive et de biopsie de peau", détaille le Dr. Parize.
Quels sont les traitements contre la rage ?
Il n'existe aucun traitement curatif efficace contre la rage. On dispose seulement de traitements préventifs appelés prophylaxie post-exposition (vaccination et immunoglobulines antirabiques). "Le seul traitement préventif de la rage est la prophylaxie post-exposition qui doit être débutée le plus rapidement possible après la morsure d'un animal suspect de rage. Le vaccin est efficace à 100 % pour prévenir l'infection. En France, on trouve des centres antirabiques dans presque chaque département, où on prend en charge les patients mordus ou griffés par un animal suspect de rage. Seuls ces centres sont habilités à délivrer la prophylaxie post-exposition. Le traitement consiste en une série de 4 ou 5 injections de vaccin et parfois l'injection d'immunoglobulines antirabiques soit des anticorps, dirigés directement contre la rage", énumère la spécialiste. Ces traitements doivent être administrés dans les jours qui suivent la morsure ou la griffure, durant la période d'incubation et avant l'apparition des symptômes.
Qui doit se faire vacciner contre la rage ?
Le vaccin contre la rage Vaccin rabique Pasteur® n'est pas obligatoire en France mais elle est recommandée :
- après une exposition à un animal suspect
- lors d'un séjour dans un pays à risque "en particulier chez les enfants", détaille Perrine Parize.
- quand on présente un risque professionnel d'exposition à la rage (vétérinaires, personnels de laboratoire qui réalisent le diagnostic de la rage ou produisent des vaccins ou les chiroptérologues qui sont en contact avec des chauve-souris)
La spécialiste conseille d'en discuter avec son médecin - tous les médecins peuvent vacciner contre la rage en préventif – ou de se rendre dans un centre des vaccinations internationales où des médecins spécialisés dans les maladies du voyageur informent le public.
Comment se protéger de la rage ?
La situation la plus à risque pour les ressortissants français est une exposition à un animal dans un pays où la rage des mammifères terrestres est encore présente (partout dans le monde sauf Europe de l'Ouest, Japon, Australie…) à l'occasion d'un voyage. Pour se protéger, lors d'un séjour à l'étranger dans un pays à risque, ne pas toucher un animal inconnu et ne pas le ramener avec soi. L'animal peut être infecté par la rage et transmettre la maladie à des personnes ou à d'autres animaux.
Pour voyager avec son animal de compagnie, des démarches préalables sont obligatoires (leur non-respect est passible de sanctions pénales) :
- prendre contact avec son vétérinaire suffisamment tôt avant le départ (de 1 à 4 mois selon la destination) ;
- votre animal doit être identifié et accompagné de son passeport à jour ;
- les vaccins de votre animal doivent être à jour, notamment celui contre la rage ;
- une prise de sang pour réalisation du titrage sérique des anticorps antirabiques est nécessaire avant de se rendre dans certains pays à risque de rage.
En cas d'exposition par morsure, griffure ou léchage en France avec une chauve-souris ou un animal importé illégalement ou en cas d'exposition avec un animal à l'étranger, il convient de contacter immédiatement un centre antirabique. "Et quand on voyage, je conseille de se renseigner sur les risques avant le départ auprès de son médecin traitant ou de se rendre dans un Centre des Vaccinations internationales", ajoute Perrine Parize.
Quels sont les pays à risque de rage ?
La liste des pays à risque de rage a été actualisée en mars 2022 par le ministère de l'Agriculture. Parmi eux :
- Afghanistan
- Afrique du sud
- Algérie
- Angola
- Arabie saoudite
- Argentine
- Arménie
- Azerbaïdjan
- Bangladesh
- Belize
- Benin
- Bhoutan
- Biélorussie
- Bolivie
- Botswana
- Brésil
- Burkina Faso
- Burundi
- Cambodge
- Cameroun
- Canada
- Chili
- Chine (République populaire de)
- Colombie
- Costa Rica
- Cuba
- Egypte
- Etats Unis d'Amérique
- Hongrie
- Inde
- Madagascar
- Maroc
- Mexique
- Norvège
- Pologne
- Russie
- Thaïlande
- Tunisie
- Ukraine
- Venezuela
- Vietnam
Merci au Dr. Perrine Parize, responsable adjointe du Centre national de référence (CNR) de la rage à l'Institut Pasteur. Propos recueillis en mars 2021.
Source : "Gare à la rage" : lancement de la campagne annuelle d'information et de prévention. Communiqué de presse. 30 juin 2022