Tumeur de l'hypophyse : adénome ou cancer, est-ce grave ?

Si le cancer de l'hypophyse est rarissime, les adénomes hypophysaires sont en revanche assez fréquents. Découverte avec le Dr Caroline Apra, neurochirurgien à la Pitié-Salpêtrière.

Tumeur de l'hypophyse : adénome ou cancer, est-ce grave ?
© 123rf-samunella

L'hypophyse est une petite glande située à la base du cerveau qui contrôle la production d'hormones comme la prolactine, l'hormone de croissance, la thyroïde, l'ocytocine, les hormones sexuelles ou encore les glandes surrénales. Une tumeur peut s'y développer. Il s'agit le plus souvent de tumeur bénigne appelée "adénome", bien plus rarement (moins de 100 cas par an en France) d'une tumeur maligne ou "cancer". "Le cancer de l'hypophyse en tant que tel est extrêmement rare. On peut quasiment dire que cela n'existe pas. Il y a en revanche des tumeurs bénignes de l'hypophyse, appelées adénomes hypophysaires. Elles sont très fréquentes et non cancéreuses. La plupart du temps, elles évoluent lentement et sont découvertes par hasard, lors d'une I.R.M effectuée dans un autre contexte", indique le Dr Caroline Apra. 

Quels sont les symptômes ?

Les adénomes hypophysaires peuvent entraîner des symptômes même si ce n'est pas du tout systématique : 

  • Des problèmes hormonaux, puisque l'hypophyse est une glande hormonale, tels que fatigue, prise de poids, poitrine douloureuse, aménorrhée, fatigue. Chez l'homme, l'adénome hypophysaire peut se révéler par une impuissance
  • Des maux de tête, étourdissements, troubles du sommeil, des nausées, une soif intense et des envies fréquentes d'uriner. 
  • Des troubles visuels quand l'adénome hypophysaire est très volumineux : vision floue, perte de la vision périphérique voire cécité lorsque la tumeur comprime le nerf optique et s'il n'y a pas d'opération. 

Quelles sont les causes ?

"Les causes du développement des adénomes hypophysaires ne sont pas connues, sauf dans de très rares maladies génétiques", explique le neurochirurgien. 

Comment se fait le diagnostic ?

Le diagnostic se fait généralement de manière fortuite, lorsque le sujet passe une I.R.M. pour une autre raison (traumatisme, migraines, vertiges par exemple). On découvre alors la présence d'une petite boule au niveau de l'hypophyse. "Parmi les tumeurs bénignes situées autour de l'hypophyse, mais plus dangereuses, il y a les craniopharyngiomes. Extrêmement rares, ils ne sont pas cancéreux mais peuvent grossir plus rapidement que les adénomes hypophysaires et abîmer le cerveau. Cela nécessite donc une consultation chirurgicale en urgence. À l'IRM, si l'on constate que la tumeur est atypique, on va potentiellement effectuer d'autres examens et proposer une chirurgie, au moins pour faire une biopsie et déterminer le type de tumeur. Si l'on est sûr qu'il s'agit d'un adénome, on va seulement s'assurer qu'il n'y a pas de problème hormonal ou visuel associé", commente le Dr Caroline Apra.

Quels sont les traitements ?

"Lorsque l'adénome hypophysaire est découvert par hasard, il n'y a rien à faire, cela ne se traite pas et ce n'est pas grave. En cas de symptômes évocateurs de problèmes hormonaux, une consultation et un suivi par un endocrinologue sont préconisés", détaille la neurochirurgien. Quand il y a des symptômes au niveau de la vue, cela signifie que le nerf optique est atteint. Une intervention neurochirurgicale est alors indiquée pour retirer les adénomes hypophysaires.  

Quel est le pronostic ?

Le cancer primitif de l'hypophyse est extrêmement rare. Il arrive aussi, rarement, que le patient ait un autre cancer et qu'une métastase se soit développée au niveau de l'hypophyse. "Dans ces cas-là, le pronostic va dépendre de l'autre cancer en question. Quant à l'adénome hypophysaire, les deux seuls dangers sont hormonaux et visuels. Au niveau hormonal, l'endocrinologue peut donner des traitements pour compenser les effets de l'adénome", précise le Dr Caroline Apra. Au niveau visuel, s'il n'y a pas d'intervention chirurgicale, le risque est la cécité (perte de la vue) parce que l'adénome vient appuyer sur les nerfs optiques. Toutefois, cela n'arrive qu'après de nombreuses années.

Merci au Dr Caroline Apra, neurochirurgien à la Pitié-Salpêtrière.