Perte de poids impossible : pourquoi ?

On peut vouloir maigrir pour être mieux dans son corps, moins fatigué, en meilleure santé. Or, parfois, malgré des efforts, ça ne marche pas ! Erreurs alimentaires, problème hormonal, excès de stress... Liste des causes avec nos spécialistes en nutrition.

Perte de poids impossible : pourquoi ?
© Andrey Popov - stock.adobe.com

Perdre du poids pour être mieux dans son corps, retrouver de l'énergie, de la confiance en soi, pour des raisons de santé... Chacun a ses motivations. Or parfois malgré des efforts, les kilos restent. Certaines erreurs courantes expliquent peut-être ces échecs, à court ou moyen terme. Explications avec Ysabelle Levasseur, diététicienne nutritionniste et Laura Azenard, naturopathe et spécialisée en diététique.

Un manque de protéines

Souvent diabolisées lors d'un régime et remplacées par des céréales, les protéines accélèrent pourtant le métabolisme et aident à la fabrication des muscles. Pour booster le métabolisme et brûler plus de calories, il faut manger des protéines. "Elles contiennent également du tryptophane, un acide aminé essentiel qui permet de fabriquer de la sérotonine. Sans cette "hormone du bonheur", le régime finit par frustrer et nous nous jetons sur des aliments gras ou sucrés", alerte la naturopathe. Il est recommandé de consommer des protéines à raison d'1 g par kilo de poids. Ainsi, une femme de 60 kilos a besoin de 60 g de protéines (animales ou végétales) par jour.

Sauter des repas

Dans l'optique de perdre du poids, nombre d'entre nous suppriment des repas, voire pratiquent le jeûne. "Cette pratique fait que l'organisme compense plus aux repas suivants", prévient Ysabelle Levasseur. Au final, vous ne perdez pas de poids. Et vous risquez même d'en prendre encore plus. Si vous avez fait un repas plus riche que la normale, ne vous privez pas de déjeuner le lendemain. Par contre, optez pour un repas peu calorique (viande maigre ou poisson, légumes...). "L'équilibre alimentaire se fait sur une semaine", rappelle notre spécialiste. Et si vous décidez de jeûner, faites-le en vous rappelant que les repas suivants ne doivent pas être gargantuesques mais équilibrés.

Un manque de bons gras

Autre mauvaise habitude qui vous empêche de perdre du poids, supprimer des aliments. "Le cas typique est celui des personnes qui ne mangent pas du tout de pain pour perdre du poids , indique Ysabelle Levasseur.  C'est le meilleur moyen de grossir !",  informe-t-elle. Le pain apporte en effet de l'énergie à long terme, comme tous les féculents, et il contient des protéines végétales en bonne quantité ce qui lui confère un effet rassasiant. les fringales ! Et donc in fine la prise de poids. De la même façon, supprimer le gras est néfaste pour la ligne. "Cela entraîne un déséquilibre nutritionnel. Vous allez être attiré(e) par du sucré car vous manquez de gras", explique la diététicienne-nutritionniste. Par ailleurs, les graisses (lipides) sont indispensables au bon fonctionnement de l'organisme et du cerveau. "Pour se débarrasser des mauvaises graisses, il faut consommer des bons gras. Notamment des oméga 3 d'origine végétale ou d'origine animale". Prendre 3 portions de poissons gras par semaine, bannir les graisses transformées comme les fritures et limiter les omagés 6 pro-inflammatoires (huile de tournesol, de maïs...).

"Si on veut perdre du gras, il faut entièrement vider sa réserve de glycogène, c'est-à-dire rester 12 à 48 heures sans apport de sucres"

Un petit-déjeuner sucré

Prendre un petit-déjeuner sucré peut ralentir la perte de poids. La raison ? "Seule une petite partie du glucose va dans le glycogène, notre réserve d'énergie, et tout le reste est stocké dans les tissus adipeux (graisse corporelle). Or, si on veut perdre du gras, il faut entièrement vider sa réserve de glycogène, c'est-à-dire rester 12 à 48 heures sans apport de sucres", explique la naturopathe. Par ailleurs, manger sucré dès le matin va vite faire grimper le taux de sucre sanguin et favoriser les fringales
► Prendre un petit-déjeuner cétogène - pauvre en glucides et riche en lipides et en protéines - pour continuer à vider sa réserve de glycogène après le jeûne de la nuit. Par exemple : 2 œufs au plat et un avocat

Un excès de produits laitiers

Le lait de vache ne favorise pas la perte de poids car il contient des hormones de croissance, normalement faites pour dilater les veaux. De plus, il est composé à 80% de caséine, une colle qui augmente la perméabilité de l'intestin et l'empêche de bien assimiler les nutriments, d'où l'entretien des carences. "Privilégier le lait de brebis ou de chèvre qui contient beaucoup moins d'hormones de croissance, de lactose et de caséine. Attention aux boissons de céréales (riz, avoine...) qui sont très caloriques (plus sucrées que le Coca-Cola), explique l'experte. Préférez les boissons de fruits à coque (amande, coco, noisette) moins sucrées et plus riches en oméga 3. 

Trop de produits allégés

Yaourts allégés, fromages light, biscuits de régime... Ne choisir que des produits allégés est une erreur ! "Cela nourrit moins donc on en mange souvent deux fois plus ou alors on a faim et on compense en grignotant" , explique Ysabelle Levasseur, diététicienne-nutritionniste. "En outre, lorsque l'on voit 0%, on s'imagine souvent que cela correspond à 0 calories, mais pas du tout, il peut y avoir beaucoup de sucre !" , souligne-t-elle encore.

"Le poids, c'est 80% dans notre assiette et 20% d'activité physique"

Zéro sport

Vous aurez beau faire tous les sacrifices alimentaires, si vous n'avez pas d'activités physiques, vous ne maigrirez pas ! Ou vous maigrirez mais en étant fatigué et en voyant votre corps se ramollir au lieu d'être tonique. "Tout ne vient pas de l'assiette", informe Ysabelle Levasseur, diététicienne-nutritionniste. "Le poids, c'est 80% dans notre assiette et 20% d'activité physique", explique-t-elle. Une activité physique intensive et régulière (3 fois par semaine) est essentielle. "Cela permet de dépenser plus que le métabolisme de base, au repos, vous brûlez plus de calories". 

Un manque d'eau

Il existe une erreur toute bête qui peut gâcher tous vos efforts pour perdre du poids : ne pas s'hydrater assez. "Boire suffisamment permet d'éviter de manger par réflexe, alors que l'on a en réalité soif", explique Ysabelle Levasseur. Une bonne hydratation permet par ailleurs de désaturer l'intestin, d'éliminer les toxines présentes dans la graisse et de lutter contre la rétention d'eau.

Quelle quantité boire ? "Rapide calcul pour le savoir : entre les urines et la sueur, on perd 3L d'eau par jour, le métabolisme nous en apporte 0.5 L et l'alimentation 1L si des végétaux sont présents, il faut donc boire au minimum 1.5L d'eau par jour pour compenser cette perte", conseille la naturopathe. Par ailleurs, boire pendant les repas empêche le bon fonctionnement des enzymes.
 Eviter les eaux "minceur" (Contrex, Hépar) car elles sont trop minéralisées et empêchent la détoxination. Préférer des eaux neutres (Rosée de la Reine, Mont Roucous...).

Une obsession pour les calories

"Ne penser qu'aux calories est une autre mauvaise habitude qui empêche de perdre du poids" , informe la diététicienne. Exemple : vous mangez des galettes de maïs car elles ne contiennent que 15 kcalories. "Mais les galettes de maïs ont une densité nutritionnelle qui n'est pas intéressante et un index glycémique pas intéressant. Au final, vous avez faim.Mieux vaut consommer un aliment plus calorique mais plus intéressant au niveau nutritionnel. Un morceau de pain plutôt qu'une galette de maïs par exemple !

Un excès d'édulcorants

Consommer des édulcorants permet de réduire les calories ingérées mais c'est un mauvais calcul pour perdre du poids à long terme. "Cela maintient l'appétence pour le goût sucré" prévient la diététicienne. Au final, il est fort probable que vous craquiez pour des douceurs en plus des repas... D'où les kilos malgré les édulcorants !

Un manque de sommeil

On ne le répétera jamais assez : le sommeil est vital pour le fonctionnement de l'organisme. Lorsqu'on dort, on fabrique de la mélatonine, une hormone qui modère le cycle veille-sommeil et les hormones régulatrices de l'appétit. Résultat : lorsqu'on manque de sommeil, on a tendance à avoir plus faim et à se réfugier dans des aliments gras ou sucrés. Une bonne nuit permet de recharger ses batteries et donne à l'organisme suffisamment d'énergie pour la journée. Des études ont montré que dormir moins de 6 h par nuit entraîne une prise alimentaire supplémentaire de 500 calories par jour.

► Dîner le plus tôt possible et manger des aliments digestes.

► Eviter les protéines le soir : surtout celles présentes dans la viande.

► Eviter les produits laitiers le soir

► Privilégier les légumes et les céréales sans gluten (riz, sarrasin...). 

► Dormez 7 à 8 heures par nuit.

Des régimes trop sévères sans suivi

"Les régimes restrictifs et/ou effectués sans l'aide d'un professionnel sont le meilleur moyen de prendre du poids", alerte Ysabelle Levasseur, diététicienne-nutritionniste. Un régime trop sévère abaisse le métabolisme de base ce qui permet à l'organisme de faire encore des réserves et de prendre du poids. C'est le fameux effet yoyo ! Plus vous faites de régimes restrictifs plus vous risquez de prendre du poids. Si vous avez vraiment du poids à perdre, il faut apporter des calories nutritives au corps (protéines, féculents, légumes...) et ne pas hésiter à consulter un spécialiste pour être accompagné. 

► Eviter les régimes type "monodiète""Je vois des patientes qui suivent des régimes mono-aliments à base de fruits, pommes ou raisin par exemple. C'est une mauvaise habitude qui empêche de perdre du poids" insiste Ysabelle Levasseur. "Les fruits c'est du sucre. En outre, ce régime n'apporte pas de protéines et ce sont les muscles qui fondent"

► Eviter les régimes hypocaloriques qui ne font pas maigrir. "Ils feraient même grossir à terme parce qu'ils ne contiennent pas assez de calories et de protéines pour permettre au corps de conserver ses muscles. Et au lieu d'utiliser la nourriture comme un carburant, le corps commence à brûler ses propres muscles. Résultat : le métabolisme s'affaiblit et brûle de moins en moins de calories", explique Laura Azenard. Résultat : au début, on maigrit puis on finit par regrossir car les régimes favorisent les pulsions. 

Une mauvaise santé intestinale

Une paroi intestinale saine permet le passage des micro-nutriments et bloque celui des toxines. A l'inverse, une paroi intestinale poreuse et perméable est souvent signe d'une mauvaise alimentation trop riche en produits laitiers et en gluten. Conséquences : on assimile moins bien les nutriments, on se retrouve carencé et on a moins la sensation de satiété. "Une mauvaise santé intestinale et des carences sont des freins à la perte de poids. Une flore digestive réduite contribue même au surpoids."
► Préférer les aliments anti-inflammatoires comme les légumineuses, les légumes à feuilles vertes, les oléagineux, les céréales complètes et les poissons gras. 

Trop de stress

Le stress est un frein à la perte de poids car il augmente la production du cortisol. "Sécrétée en trop grande quantité, cette hormone va d'une part entretenir la mauvaise santé intestinale, et d'autre part favoriser le stockage des graisses dans l'organisme et ainsi empêcher la perte de poids", explique Laura Azenard. Seule la sérotonine, une hormone apportée par les protéines, permet de réguler le cortisol.
► Consommer davantage de protéines (végétales par des légumineuses et animales par la viande, le poisson et les œufs) plutôt que des céréales.

Un problème hormonal ? La thyroïde peut-être ?

Vous n'arrivez pas à perdre du poids ? Et si cela cachait des dérèglements hormonaux ou des problèmes de thyroïde ? La prise de certains médicaments (antidépresseurs, psychotropes, bêtabloquants...) peuvent également entraver la perte des poids.

La ménopause est aussi une période de bouleversements hormonaux (augmentation de l'appétit, rétention d'eau...) pendant laquelle il est difficile de perdre du poids. Si vous n'arrivez pas à perdre du poids et si vous constatez des symptômes associés (constipation, troubles de la concentration...), consultez un médecin, un diététicienne, un nutritionniste ou un thérapeute.

Merci à Laura Azenard, naturopathe et spécialisée en diététique et Ysabelle Levasseur, diététicienne nutritionniste à Paris et Cannes, auteure d'"Allégez votre assiette" chez Alpen Édition.

Autour du même sujet