E171 : le dioxyde de titane interdit dans les aliments en 2020

Le gouvernement a annoncé le 17 avril que le colorant dioxyde de titane (E171) serait interdit à partir du 1er janvier 2020 dans les aliments. Cet additif alimentaire est soupçonné d'avoir des effets cancérigènes.

E171 : le dioxyde de titane interdit dans les aliments en 2020
© Fabio Di Natale - 123 RF

[Mis à jour le 18/04/19] Suspecté d'effets cancérigènes, le dioxyde de titane (ou E171 sur les étiquettes) sera interdit "par précaution" dans les aliments à partir du 1er janvier 2020, a annoncé le gouvernement mercredi 17 avril 2019. "Un arrêté suspendant la mise sur le marché des denrées alimentaires contenant l'additif E171 a été signé et sera publié dans les meilleurs délais" précise le communiqué. Cette décision intervient après la publication du rapport de l'Anses le 15 avril. Dans ce rapport, l'autorité "conclut qu'elle ne dispose pas d'éléments nouveaux permettant de lever les incertitudes sur l'innocuité de l'additif E171" et recommande de limiter l'exposition des consommateurs "en favorisant des alternatives sûres et équivalentes". En réponse, le gouvernement a reconnu que "l'emploi de cet additif souffre toujours d'un manque de données (...) ce qui ne permet pas de (...) lever les incertitudes résiduelles pour garantir la sécurité de l'utilisation de cet additif" soulignant qu' "aucune dose journalière admissible n'a pu être fixée".

C'est quoi le dioxyde de titane ?

Le dioxyde de titane ou "E171" est un additif alimentaire utilisé pour ses propriétés colorantes et opacifiantes dans de nombreux produits alimentaires.  Il est constitué de particules de dioxyde de titane, notamment sous forme nanoparticulaire dans des proportions variables.

Où trouve-t-on le E171 ?

Les nanoparticules sont des particules de très petite taille (inférieur à 100 nanomètre), soit environ 10 000 fois plus petites que l'épaisseur d'un cheveu. Leur taille ainsi que leur structure leur confèrent des propriétés spécifiques (antibactériennes, ultrarésistantes, etc.). De quoi séduire de multiples secteurs d'activités. Ce colorant entre ainsi dans la composition de cosmétiques (crème solaire, rouge à lèvres), de produits para-pharmaceutiques (dentifrices), de peintures ou encore de matériaux de construction. Il est utilisé dans des bonbons, des produits chocolatés, biscuits et chewing-gums, ainsi que dans des compléments alimentaires.

Que sait-on de sa toxicité ?

 Les risques associés aux nanoparticules demeurent flous. En mai 2014, dans un rapport compilant une synthèse d'études disponibles sur le sujet, l'Agence de l'environnement (Anses) avait confirmé la capacité des nanomatériaux à passer les barrières physiologiques et pointé également la toxicité de certains d'entre eux chez l'animal. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'OMS, qui a seulement évalué les effets d'une exposition professionnelle par inhalation au dioxyde de titane (exposition professionnelle), classe le E171 en "cancérigène possible" pour l'Homme.

Côté études :

  • Des scientifiques de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) en 2017 ont montré chez l'animal que cet additif pénètre la paroi de l'intestin et se retrouve dans l'organisme. Consommé à haute dose, il pouvait causer un déséquilibre immunitaire, créant ainsi une micro-inflammation et des lésions de l'intestin grêle et du côlon, avec un risque d'évolution en cancer. Suite à la publication de l'Inra, le dioxyde de titane avait été inscrit dans la loi Agriculture et alimentation du 30 octobre 2018 et devait disparaître des produits alimentaires en janvier 2019. 
  • L'Anses a été saisie en février 2019 par les Ministres chargés de l'économie, de la santé, de l'agriculture et de l'environnement, afin d'analyser les connaissances les plus récentes sur la toxicité du E171. Le groupe d'experts a réalisé une revue sur la toxicité du E171 par voie orale. 25 nouvelles études publiées depuis 2017 ont été recensées.

Quelle réglementation ?

En juin 2018, l'association Agir pour l'Environnement avait constaté l'absence de la mention E171 sur les étiquettes d'aliments courants, comme les Malabar, la blanquette William Saurin ou encore les biscuits Napolitain. "Le E171 est composé de micro- et de nanoparticules, mais il n'est pas soumis à l'étiquetage "nanomatériau" puisqu'il n'est pas composé à plus de 50% de nanoparticules (en général 10 à 40%)", commente l'Inra.